Anecdotes de voyage
Le 01/01/2014
Il y a bien longtemps que Tarfaya n'est plus Port Juby et le petit monument à l'avion rappelant l'épopée de l'Aéropostale est aujourd'hui comme égaré au milieu d'un chantier de rénovation du front de mer. Mais pour le voyageur plane encore le souvenir de Saint-Exupéry et du Petit Prince.
"- Qu'est-ce que c'est que cette chose-là ?
Ce n'est pas une chose. Ça vole. C'est un avion. C'est mon avion.
Et j'étais fier de lui apprendre que je volais. Alors il s'écria :
Comment ! tu es tombé du ciel ?
Oui, fis-je modestement.
Ah ! ça c'est drôle...
Et le petit prince eut un très joli éclat de rire qui m'irrita beaucoup. Je désire que l'on prenne mes malheurs au sérieux. Puis il ajouta :
- Alors toi aussi tu viens du ciel ! De quelle planète es-tu ?
J'entrevis aussitôt une lueur, dans le mystère de sa présence, et j'interrogeai brusquement :
- Tu viens donc d'une autre planète ?
Mais il ne me répondit pas. Il hochait la tête doucement tout en regardant mon avion :
C'est vrai que, là-dessus, tu ne peux pas venir de bien loin..."
Le 26/10/2012
Se trouve dans la médina une place pavée, parée d’une fontaine aux frisures peintes en bleu. La terrasse du café qui la borde, exposée plein ouest, est durant les mois d’été une fournaise toute la journée. Elle n’est vraiment praticable qu’à partir du coucher du soleil.
Tandis qu’un soir nous y prenions le thé, le serveur, pour tenter de rafraîchir un peu l’atmosphère, aspergeait d’eau le pavé ayant emmagasiné de la chaleur tout le jour. L’air s’est empli d’une forte odeur de pierre — à la manière de la terre qui, à la première ondée, libère ses effluves. Je fus alors submergé par une incroyable émotion. Rien de plus banal qu’une émotion puisse être suscitée par une odeur ou une saveur, tant celles-ci sont promptes à libérer les souvenirs. Pourtant cette fois, au contraire, l’étonnant était l’absence totale d’évocation : pas la moindre image associée, pas la moindre idée des raisons de cette émotion. (C’est ainsi que l’inconscient se joue de nous.) Je ressentais une émotion d’autant plus forte qu’elle était sans nom.
Une odeur de pierre, un imaginaire désert : de l’émotion à l’état pur.
«Lecteur, as-tu quelquefois respiré
Avec ivresse et lente gourmandise
Ce grain d'encens qui remplit une église,
Ou d'un sachet le musc invétéré ?»
Charles Baudelaire “Un fantôme”
Le 19/10/2012
C’est dimanche, jour de repos et de sortie. Toute la famille a mis ses beaux habits. De plus le ciel est bleu et le soleil brille — sans nul doute les oiseaux ne vont pas tarder à chanter. Toute la famille — le père, la mère et les deux enfants — part en balade. Que dis-je ! en expédition : tous les quatre installés sur une seule mobylette !...
Le 11/10/2012
D’origine indienne, une trentaine d’années guère plus, elle est fort séduisante, avec le visage de quelqu’un qui a déjà, sans aucun doute, pas mal galéré et qui n’en est que plus beau. Elle parle hindou, anglais bien sûr, espagnol et se débrouille pas si mal en français. Elle garde avec elle un carnet à spirales avec feuilles de papier à dessin et une grande boîte de crayons de couleur. Elle griffonne des esquisses. C’est apparemment son truc, pour se donner un statut d’artiste, mieux attirer l’attention, et engager plus facilement la conversation. Elle dit avoir enseigné l’anglais et être musicienne et poète. Elle n’a pas de pays de résidence et semble avoir échoué ici sans vraiment l’avoir voulu. Elle n’aura bientôt plus d’argent et ne sait pas trop ce qu’elle va faire... Elle a manifestement besoin de parler tout en restant très énigmatique.
Alors que nous étions tranquillement à bavarder à la terrasse d’un café, un déséquilibré se rue sur nous, nous injuriant et nous menaçant en levant le bras. Des passants se sont précipités pour le maîtriser, non sans peine, et l’entraîner plus loin.
Elle avait les mains fines et délicates ... mais de la crasse sous les ongles — et pas qu’un peu ! , le détail qui rompt le charme.
Le 02/10/2012
Un cheval couché sur un plafond
Un voyage qui commence fort !
Une ville du Far West, avec ses maisons en bois, et un village indien, avec ses tipis blancs. (Une région du sud de l’Espagne sert semble-t-il de décor pour le tournage d’un Western.)
Pas de cow-boys ni d’indiens, mais un cheval ... couché sur un plafond ! (Un cheval en plastique, probablement gonflé à l’hélium, s’est élevé jusqu’au plafond du hall d’embarquement où il est resté plaqué, couché sur le flanc, avec sa longe pendant dans le vide — un gamin l’aura laissée échapper de ses mains.)
Le 14/05/2012
Arrivé sur le bord de l’océan pour pique-niquer avec sa famille, un monsieur, une fourche-râteau dans les mains, s’active pour ratisser méticuleusement un sous-bois.
Tandis que des proches lui disent que «ça va bien comme ça», que «ça suffit...», que «c’est parfait», il ne fait qu’y mettre plus d’entrain.
C’est alors que je lui demande : «Après, vous allez tout repeindre !?» Avec un grand sourire il me répond :
— « Oui, c’est ça,
— En rose ?
— Je n’ai pas encore choisi la couleur ... en vert sans doute. »
Le 11/04/2012
Une vendeuse de vêtements (maillots de bain, robes, foulards...) sur la plage :
«Allô ! Bonjour Carole, c’est Brigitte. Tu es en plein travail, je ne te dérange pas ?
Ah ! tu ne travailles pas le lundi. Heureusement que je n’ai pas appelé plus tôt ! Excuse-moi, je ne t’ai pas encore rapporté tes affaires. Je voulais te dire que je n’ai pas oublié, je vais le faire. À propos, hier j’ai rencontré François, il m’a dit qu’il était invité chez toi ce soir. Je lui ai dit : «dommage que je ne sois pas invitée moi aussi, j’ai des affaires à Carole, j’en aurais profité pour les lui rendre». Je disais ça pour plaisanter ! Remarque j’aurais pu lui demander de te les remettre. Je n’y ai même pas pensé !
Ah oui ! vraiment ?... mais je les connais, c’est pas un problème... Alors je vais faire un gâteau en rentrant, si j’ai le temps... Donc à ce soir Carole.»
«Allô ! François, c’est Brigitte. Moi aussi je suis invitée ce soir chez Carole. Tu peux passer me prendre...»
Le 27/06/2011
Il y a parfois des situations pour le moins cocasses. Une vieille dame est venue me montrer sa dent cariée qui la faisait souffrir. Elle voulait que je la lui arrache ! et elle insistait... (Dans les pays de l’Afrique de l’ouest francophone les Noirs appellent Toubabs les Blancs. L’origine de “toubab” est “toubib” — mais quand même !...)
Le 16/11/2010
En soirée, dans la plupart des villes africaines, les bonimenteurs investissent les places. Ils haranguent les passants, en vantant les mérites de leurs “remèdes-miracles” — aux vertus quasi universelles. À la lumière vacillante d’une lampe à gaz cela accentue la magie de la situation. Les badauds font cercle, serrés autour d’eux, et il est intéressant d’observer ces visages d’ombre et de lumière, aux traits exagérément contrastés : les sérieux et attentifs, les franchement émerveillés et, bien sûr, les goguenards.
Ça nous rappelle, dans notre enfance, les bonimenteurs de nos marchés de campagne. Ceci dit, pas grand-chose ne change en ce domaine. Nous avons toujours nos “remèdes-miracles”, ils ont simplement, au gré des modes, un peu changé de nature et surtout de présentation.
Le 09/11/2010
Les verres de thé à la menthe attirent les abeilles — parfois en grand nombre. Il arrive que l’une d’elles tombe dans le thé, elle se noie alors très vite (encollée par le thé sucré). Quand cela m’arrive, j’attends que l’abeille ne bouge plus pour la sortir du verre (généralement avec un bout de papier). Alors que je prenais mon thé, à la table voisine, un homme d’une quarantaine d’années et deux vieillards prenaient le leur. Un des vieux messieurs informe le plus jeune qu’une abeille vient de tomber dans son verre de thé. Celui-ci y plonge promptement le doigt pour la sortir. La pose sur la table. Elle reste couchée sur le côté, bougeant à peine. Il la redresse, l’aide à se remettre plus ou moins sur ses pattes. Puis constatant qu’elle est vraiment mal en point, il la prend pour la poser dans le creux de sa main. Les deux vieillards suivent les événements avec beaucoup d’attention. Ayant un bon moment cajolé l’abeille dans sa main et voyant qu’elle n’arrivait pas bien à décoller ses ailes, il est allé la poser délicatement au soleil de l’autre côté de la rue ...
Le 02/11/2010
Il est des lieux en friches où les enfants préfèrent jouer à chaton coulé plutôt qu’à chat perché. Le jeu est simple. Des enfants se répartissent autour d’un creux d’eau, l’un d’eux lance un chaton au milieu, lequel nage pour regagner le bord. L’enfant “choisi” a le plaisir de s’en saisir pour le rejeter à l’eau. Ainsi de suite, jusqu’à ce que, d’épuisement, le chaton se noie. L’enfant l’ayant relancé pour la dernière fois a gagné.
Le 26/10/2010
À Tanger dans un jardin public, sur l’aire où l’on joue habituellement au ballon, deux jeunes de 10-11 ans, le cartable sur le dos, se lancent un défi. L’un en face de l’autre, à une distance d’une dizaine de mètres, ils ont à leurs pieds — posées devant eux — quatre ou cinq pierres. À tour de rôle ils s’en lance une, violemment, tandis que l’autre l’esquive. Le jeu est dangereux (si l’un d’eux recevait une pierre — de la grosseur d’un demi poing — en pleine tête, il serait sérieusement blessé). Heureusement celui qui a été touché ne l’est qu’à la cuisse. Il repart en boitant.
Le 12/10/2010
Babacar, un gaillard d’une trentaine d’années, de corpulence impressionnante, ne sait trop comment occuper ses moments de loisir dans cette petite bourgade d’Afrique Noire. Il ne sort guère que pour aller jouer au tiercé. Comme beaucoup d’Africains citadins il joue régulièrement aux courses en espérant, bien sûr, gagner une grosse somme d’argent. Nous nous retrouvons un dimanche soir à prendre un verre dans un petit café du quartier du marché. Dans un coin somnole un vieil Africain. On nous dit que c’est un grand sorcier. Quand il se réveille Babacar s’entretient avec lui en Wolof. Il sort de son sac ses plantes miraculeuses qui guérissent et préservent de tout (il y a bien sûr le pouvoir médicinal des plantes mais là, à voir le regard malicieux du sorcier, je pense qu’on a affaire, au mieux, à de la pure magie). Babacar, très enthousiaste, prend un bout de papier pour noter très scrupuleusement tout ce que le sorcier lui conseille. Quant à moi j’ai droit à une fleur, selon ses dires la plus puissante des plantes porte-chance, à mettre près de mon porte-monnaie pour être sûr de devenir riche.
( Voici la plante au pouvoir magique. Une valeur symbolique ? )
Le lendemain Babacar me montre quelques feuilles de papier blanc qu’il vient d’acheter. Il me dit : «c’est le vieux qui m’a demandé de les acheter, je vais le voir pour qu’il me fasse une protection très puissante». (Les sorciers écrivent des formules ou dessinent des graphes sur un bout de papier qui est soigneusement roulé et enserré dans un tissu, une ceinture, une pochette, un pendentif... ce qui constitue une amulette.) Et il ajoute très sérieusement : «ça va me permettre enfin de gagner beaucoup d’argent, et je serai même protégé contre le fer». Il a dû me voir un peu étonné car il a aussitôt précisé : «oui si quelqu’un veut me donner un coup de couteau la lame ne pénétrera pas dans mon corps, et même si l’on me tire une balle de revolver elle ne pourra pas pénétrer»...
Le 28/09/2010
Un vieux monsieur, chèche et djellaba, tout de blanc vêtu, barbe assortie, assis sur un banc regardait le chauffeur d’un car manger une orange. Lequel en avait d’autres dans un sac. J’ai compris, après coup, qu’il lui avait dit : je t’en lance une, si tu réussis à l’attraper elle est pour toi, sinon je la reprends. Il lui a lancé une orange, il ne l’a pas rattrapée, il la lui a reprise... Puis il lui a donné une deuxième chance, il l’a de nouveau ratée... il la lui a une deuxième fois reprise — avant de finalement la lui laisser...
Le 07/09/2010
Au Maroc, comme dans toute l’Afrique, on consomme le thé avec beaucoup de sucre — ce n’est plus du thé mais du sirop de thé (chez nous certains font de même avec le café) — et ce n’est plus seulement une boisson mais un aliment à part entière (avec un pain et de l’huile d’olive ça fait un repas).
Il est plaisant de regarder le cérémonial de préparation, très codifié, qui nécessite le transvasement dans au moins deux verres — et l’on verse de très haut pour bien faire mousser. Si l’on demande la justification de cette ritualisation, beaucoup ne savent que répondre — et les “explications savantes” divergent au point de sembler contradictoires : pour l’aérer (l’oxygéner), lui donner plus de corps (de consistance), de couleur..., ça sert au moins à mélanger le sucre.
C’est au Sénégal que j’ai vu les rituels les plus longs et les plus “compliqués” (nécessitant de nombreux verres). Peu convaincu par les diverses justifications, je me souviens avoir demandé à un ami Peul : — «Dis-moi sérieusement à quoi ça sert ? vraiment», — «À quoi ça sert ? vraiment ? À passer le temps, bien sûr». Ce qui est non moins sûr c’est que, sans ces rituels, le thé n’aurait plus la même saveur.
Le 01/09/2010
Savez-vous comment on transporte quinze adultes, quatre enfants, leurs bagages, une chèvre, son petit et une brouette, avec un vieux taxi brousse ?
Vous placez trois adultes et l’enfant le plus âgé sur la banquette arrière. Sur la banquette centrale, la plus large, vous installez les quatre passagers les plus corpulents, deux bien calés au fond de l’assise, les deux autres plus en avant, vous mettez les trois plus jeunes enfants sur leurs genoux. Vous placez ensuite deux personnes à droite du chauffeur et une troisième à sa gauche, lequel conduit assis sur une moitié de siège. Un bon point pour la sécurité, pendant tout le trajet personne ne bouge. Les quatre autres passagers, debout sur le toit du véhicule, à l’arrière de la galerie, s’accrochent aux bagages comme ils peuvent. Bien que pattes liées, la chèvre et son petit, nichés dans un creux au sommet du chargement, sont assurément les mieux lotis. Quant à la brouette, retournée et fixée à l’avant de la galerie, elle améliore l’aérodynamisme de l’ensemble — tout en servant de bouclier, il se pourrait bien en effet que, grisés par le spectacle, des indigènes narquois décochent quelques flèches.
Le 28/06/2010
Alors que je prenais mon petit déjeuner à la terrasse d’un café, m’est apparue, au bout de la rue d’en face, une étrange créature, une sorte d’insecte géant, progressant lentement et gauchement sur quatre pattes. Le phénomène s’étant rapproché, j’ai reconnu une personne, petite et assez menue, avec un gros et haut sac à dos, auquel étaient accrochées, de chaque côté, maintes pendouilleries (comme une paire de chaussures), avec en plus, sur le devant, trois sacs-polochon (2 contre la poitrine, le 3e par dessus). Lorsque l’on est habitué à voyager avec, pour tout bagage, un léger sac en bandoulière, on peut être étonné (voire quelque peu amusé) à la vue de ces routards ployés sous le poids d’un énorme sac à dos. Mais là !!!... Elle tenait dans chaque main une canne métallique télescopique (déployée), je me suis dit : c’est une personne âgée... elle ne doit plus avoir toute sa tête ! En fait, de plus près, j’ai vu que c’était une jeune femme, disons d’une trentaine d’années (son chapeau de toile à large bord dissimulait en partie son visage). Apparemment ses deux cannes, qu’elle tenait écartées devant elle, ne lui servaient pas pour marcher mais pour prendre appui lors de ses fréquentes pauses. L’être humain est décidément une bien étrange créature.
Le 23/06/2010
À Dakhla en revenant de balade, quelque peu fatigué sans doute (le soleil tapant fort malgré mon chèche), je regardais deux palettes de parpaings déposées devant une maison en construction. Côté rue, elles étaient enveloppées d’une couverture. Étonné, je me disais qu’il fallait que les parpaings soient, ici, des matériaux bien précieux pour qu’on les protège ainsi avec une couverture (?). En me rapprochant, constatant la qualité de ces couvertures et leur parfait état, mon étonnement était encore plus grand... On avait, bien sûr, profité de la présence de ces palettes pour mettre à sécher deux couvertures que l’on venait de laver.
Le 19/06/2010
À Safi. Aujourd’hui le temps a été morose — seulement quelques brèves éclaircies. Il a plu une bonne partie de la nuit. Et ce matin le ciel était encore sombre, avec de la pluie par intermittence. Dans la médina, face aux remparts, réfugiés sous l’auvent de la terrasse d’un café, nous étions quelque téméraires à prendre notre petit déjeuner dehors — la tête dans les épaules et le col relevé pour se protéger d’un petit vent frais. De la falaise, à peu de distance, nous venait le fracas, plus rude qu’à l’accoutumée, des vagues sur les rochers.
Surgit soudain, mitraillette en mains, une femme d’une cinquantaine d’années, tête nue, le cheveu court et hirsute, roussi au henné. Elle braque tour à tour chacun des clients — nous mitraillant l’un après l’autre. La mine ravie au bruit métal-plastique des cliquetis en rafales, elle est tout à l’excitation de la manipulation de son jouet d’enfant.
Un rayon de soleil inattendu. La première éclaircie de la journée.
Le 14/06/2010
Après quelques jours de ciel bleu à Rabat le temps redevient maussade : vent et pluie intermittente.
Dans la médina, sur une petite place entre rempart et marché central, installés à de petites tables coiffées de parasols, une dizaine d’écrivains publics reçoivent leurs clients — tous assis sur des chaises dépareillées, rafistolées et branlantes. Ils tapotent d’un ou deux doigts sur de grosses machines à écrire mécaniques d’un autre âge. Juste à côté un grand panneau indique avec une flèche : club internet, traitement de texte, imprimante, photocopies.
Le ciel est uniformément gris. Assis à la terrasse couverte d’un café, je regarde passer de pimpantes jeunes Marocaines haut perchées sur leurs talons aiguilles. Tandis qu’à côté de jeunes Noires font la manche. Il y en a ainsi dans la plupart des grandes villes marocaines — et tout particulièrement à Casablanca, Rabat et Tanger. Certaines ont un bébé dans le dos. J’imagine tout ce qu’elles ont dû vivre depuis leur départ d’Afrique noire — leur rêve d’Europe brisé dans une impasse.
Un marchant ambulant déploie ses parapluies sur le trottoir et se met à crier : parapluie, parapluie, parapluie... Le ciel s’éclaircit et le soleil apparaît.
Le 11/06/2010
Le voyageur évite, autant que faire se peut, les établissements hôteliers pour touristes. Il s’immerge dans la population des pays qu’il visite, loge et mange, de préférence, dans des auberges et restaurants fréquentés par les gens du coin. Dans un charmant petit hôtel où, depuis de nombreuses années, j’ai l’habitude de m’arrêter (Ali, le patron, est devenu un ami) les quelques chambres se distinguent par leur suprême harmonie. (La personne qui a scellé les lavabos ne devait avoir qu’une chaussure — au pied droit.) Avec un souci de raffinement — probablement — la tringle des rideaux est assortie au lavabo.