Au Maroc, comme dans toute l’Afrique, on consomme le thé avec beaucoup de sucre — ce n’est plus du thé mais du sirop de thé (chez nous certains font de même avec le café) — et ce n’est plus seulement une boisson mais un aliment à part entière (avec un pain et de l’huile d’olive ça fait un repas).
Il est plaisant de regarder le cérémonial de préparation, très codifié, qui nécessite le transvasement dans au moins deux verres — et l’on verse de très haut pour bien faire mousser. Si l’on demande la justification de cette ritualisation, beaucoup ne savent que répondre — et les “explications savantes” divergent au point de sembler contradictoires : pour l’aérer (l’oxygéner), lui donner plus de corps (de consistance), de couleur..., ça sert au moins à mélanger le sucre.
C’est au Sénégal que j’ai vu les rituels les plus longs et les plus “compliqués” (nécessitant de nombreux verres). Peu convaincu par les diverses justifications, je me souviens avoir demandé à un ami Peul : — «Dis-moi sérieusement à quoi ça sert ? vraiment», — «À quoi ça sert ? vraiment ? À passer le temps, bien sûr». Ce qui est non moins sûr c’est que, sans ces rituels, le thé n’aurait plus la même saveur.
La saveur du thé
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