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Burkina Faso 2 Sindou

 

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    Sindou

    Pour Sindou le trajet en minicar le plus “boîte à sardines” du voyage. Non seulement nous étions serrés, tous les espaces étant occupés par des bagages, nous n’avions même plus de place pour nos jambes (j’avais déjà connu ça à Madagascar).

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    Sindou est une paisible bourgade avec quelques maquis et épiceries et son marché tous les lundis.

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    Dans toutes les cases, entre le sommet du mur et la paillote, les poutrelles laissent un espace qui assure la ventilation. Cette fois pas de petite souris mais, hormis les nombreux margouillats (lézards), des oiseaux qui fréquemment entrent, voltigent sous la paillote, puis ressortent — de beaux petits oiseaux, le corps couleur bordeaux et les ailes marron-gris. Ce n’est qu’au bout de deux jours que j’ai compris la raison de leur manège. Il y a un nid dissimulé entre la paille et une poutre et, lorsque les oiseaux voient une présence dans la case, au lieu d’aller directement dans leur nid, ils tournent sous le toit pour faire diversion et mieux préserver leur cachette. Le plus souvent ils vont au nid une plume au bec, je pense qu’ils s’emploient à le rendre plus douillet en vue d’une prochaine couvée (on ne sera probablement pas là pour entendre le piaillement des oisillons).

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    Sindou est réputée pour ses pics (un petit massif montagneux très érodé) qui offrent un beau spectacle et l’opportunité d’agréables balades (à condition de rester au moins quelques jours, la plupart des touristes ne font que passer, se contentant d’une visite guidée de 45 mn). La beauté du site, la vie paisible de cette bourgade et plus encore des villages environnants, incitent pourtant le voyageur à poser son sac.

    De belles randonnées dans les environs, une immersion dans l’ambiance des villages de brousse africaine — et l’on se sent bien. C’est la période des feux de brousse, on part avec des vêtements propres et au bout de quelques heures on revient avec, en plus d’auréoles ocres, des zébrures noires sur les jambes du pantalon. Une œuvre d’art en somme, dont on peut se parer quelques jours (à moins d’être maniaque de la lessive).

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    Dans la région pas trace de bitume, les pistes comme les rues sont en terre, avec des ornières partout et, ici et là, des parties meubles où l’on marche péniblement et roule difficilement en vélo ou moto, mais les zones de “tôle ondulée” sont heureusement peu nombreuses. Quant aux déchets de toutes sortes, au premier rang desquels les sacs en plastique noir, ils sont partout si bien que l’on finit par ne plus les voir.

    Les gens sont soucieux de leur apparence, la plupart, en brousse comme en ville, portent des vêtements étonnamment propres dans un tel contexte. Les tenues sont simples et suffisamment amples pour être confortables ; aussi lorsque l’on voit au beau milieu du bourg un gars qui parade en costume, chemise blanche et cravate (dans la poussière et la chaleur !), forcément ça ne passe pas inaperçu (mais n’est-ce pas le but recherché ?).

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    Une longue randonnée (de plus d’une quinzaine de km aller et retour) à Kawara, un gros village de potiers à sept kilomètres de Sindou. L’occasion de belles rencontres, des haltes pour discuter, non seulement dans les villages mais aussi au bord des pistes, notamment auprès des vendeurs d’essence en bouteilles.

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    Piqûre de rappel. Au cours d’une de mes randonnées dans la brousse j’ai croisé deux jeunes bergers qui venaient de tuer une grosse vipère. Ils la rapportaient comme un trophée au bout d’un bâton. Faut dire qu’elle leur avait causé une frayeur, cachée sous des feuilles mortes dont de plus elle a la couleur, ils l’avaient aperçu au dernier moment. Ça m’a fait prendre conscience du risque, j’ai mesuré mes imprudences et désormais je suis plus vigilant, en me servant notamment plus efficacement de mon bâton (lequel n’est pas seulement une manie de mes balades, il a de multiples utilités). Je n’ai pas manqué de leur dire combien leur rencontre m’était profitable, c’est que les piqûres de rappel ne font pas de mal ! (Outre le débroussaillage et la régénération de la végétation, occasionnellement une des fonctions des feux de brousse est aussi de tuer les reptiles dangereux).

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    Fabriques de briques. L’habitat traditionnel est construit de briques de terre et recouvert de paille (si ce n’est de tôle ondulée si peu adaptée — ou comment transformer son habitation en four solaire). Les chantiers de fabrique des briques de terre sont nombreux aux abords des villes et villages pour peu qu’il y ait des points d’eau. Ces carrières avec ces creux d’eau, ces étalements et empilements de briques, la simplicité du procédé de fabrication (sans ignorer la pénibilité du travail pour un faible revenu — la concurrence étant rude), sont particulièrement agréables à regarder. Ces chantiers présentent toujours un attrait esthétique, comment ne pas les prendre en photo.

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    J’aime les randonnées pédestres dans la brousse. Quoi de mieux pour saisir des bribes de la vie quotidienne des gens du pays. Être là où on ne m’attend pas, où aucun touriste ne va. Avec pour tout bagage mon chapeau, un bâton et un flacon d’eau que je met dans ma poche — sans oublier mon mini-appareil photo.

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    Aider un cycliste lourdement chargé tombé sur la piste, victime d’une ornière, à relever sa bicyclette, réajuster son chargement et redresser le guidon. Aider une femme, avec son enfant dans le dos, à charger sur sa tête son gros et lourd fagot de branches, puis lui donner dans les bras sa bassine également chargée restée posée sur le sol... Avec en retour la générosité des Burkinabés (qui n’est pas seulement formelle) surtout dans les villages de brousse...

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    L’aller s’apparente plutôt à une flânerie, je prends mon temps, curieux de tout, j’explore de nombreux sentiers, discute avec les gens de rencontre, m’aménage des pauses rêveries... Le retour est généralement plus “sportif”, je rentre d’une traite, d’un pas décidé et régulier (surtout si j’emprunte le même parcours à rebours). Il est facile de reprendre le chemin du retour, même lorsqu’à l’aller j’ai eu à choisir entre de nombreuses bifurcations, il me suffit de suivre à la trace, dans l’autre sens, les empreintes caractéristiques laissées par les semelles de mes chaussures sur le sol terreux (d’autant que nombre de gens sur ces sentiers marchent avec des tongues si ce n’est pieds nus).

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    Le site des Pics, bien que limité à quelques km, offre la possibilité de multiples balades dont on ne se lasse pas. Dans ce labyrinthe de rochers les parcours sont variés et réservent quelques surprises : cavités rocheuses et autres spectaculaires empilements de dalles de pierre. Après avoir franchi un étroit passage entre deux hauts escarpements rocheux, j’ai découvert un lieu de culte animiste : des poteries contenant des offrandes aux esprits de la nature pour qu’elle se montre généreuse, ainsi que des outils, le tout disposé dans un recoin des rochers. (Le site des Pics est au Burkina le berceau de la culture Sénoufo, l’esprit protecteur lié aux ancêtres y habiterait toujours.)

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    Une spécialité burkinabée : le thé au vinaigre. Dans les cafés, restaurants et autres débits de boisson, on ne trouve que du thé en sachet. (Il faut être invité par des particuliers pour pouvoir boire un bon thé, à la mode africaine, longtemps infusé dans une petite théière posée sur la braise, et servi dans de petits verres — plus il y a de mousse mieux c’est !) Dans les établissements plus “chics” on le sert avec un zeste de citron, dans les lieux plus populaires on remplace le citron par un peu de vinaigre ! — c’est plus commode et plus économique.

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    Il faut voir tout ce que l’on peut transporter avec un vélo ou une moto ! comme ces motocyclistes transportant des bancs et tables pour une école (une prouesse d’équilibre, surtout sur un sol sablonneux !).

    A une dizaine de kilomètres un lac artificiel assez étendu et fort beau (d’où part un canal d’irrigation et générant une petite activité de pêche).

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    Aux abords du bourg des femmes déposent de grosses poteries sur des fagots de bois, ensuite elles les recouvrent avec d’autres fagots pour les faire cuire — sans four c’est une manière de faire qui consomme beaucoup de bois.

    J’ai vu un nouveau mode de transport insolite, trois personnes sur une moto, deux adultes et un adolescent. Comme il n’y avait pas de place pour trois sur le siège, l’adolescent se tenait debout sur un cale-pied, côté droit, et l’adulte assis derrière le tenait enlacé.

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    Au centre du bourg une épicerie met devant sa porte une télévision à disposition des gens, avec bancs et chaises (c’est tous les soirs un lieu de rendez-vous, le plus prisé étant les matchs de foot). En cette fin de journée alors que la température restait fort élevée, revenant de dîner je regardais la neige tomber en apprenant qu’il allait faire -6° cette nuit dans la région parisienne...

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    Je ne me lasse pas de mes balades dans les Pics. Hier en me trompant de sentier, je me suis retrouvé dans un secteur que je ne connaissais pas du tout (aucun point de repère). Alors que je pensais avoir vu l’essentiel je réalise que j’ai encore beaucoup de choses à découvrir. Cette perspective d’exploration me réjouit.

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    Mes deux endroits préférés : l’imposante cavité rocheuse dans les Pics (il y fait relativement frais, d’autant qu’il y a toujours quelques courants d’air, j’y ai vu un serpent mais pas une grosse vipère dont la morsure peut être mortelle comme celle que les bergers avaient tuée) et sous les grands arbres près du chantier où l’on moule les briques de terre (il y fait également assez frais, je peux regarder les gens travailler et discuter avec eux, ceux qui font les briques et ceux qui viennent les chercher avec des charrettes tirées par un attelage de deux zébus).

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    Que d’agréables moments passés avec Seydou le couturier, qui s’installe avec sa machine à coudre au centre du bourg près d’un café-babyfoot, et avec Idrissa le guide-griot à la gouaille rieuse.

    Un autre lieu de culte animiste : en pleine brousse une petite paillote sous laquelle sont placées des offrandes aux esprits de la nature afin qu’ils protègent les cultures des intempéries et que les récoltent soient bonnes.

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    Une cérémonie de mariage. Lorsque la jeune mariée n’a pas eu d’enfants (qu’elle est supposée vierge — sinon elle marche à pied avec les autres personnes du cortège), on la présente à tous, allongée dans une couchette portée sur la tête par quatre jeunes hommes. Le cortège, formé de musiciens qui battent le tambour et de jeunes femmes qui dansent, parcourt les rues du village.

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    Une sortie de masques. Pendant trois jours, en fin d’après-midi et en soirée, des masques parcourent le village, coursent les enfants qui se sauvent à leur vue, et s’attardent sur les places en invitant la population, hommes et femmes, à danser avec eux au son des tambours. Selon la coutume c’est une cérémonie de funérailles en mémoire d’un homme décédé et enterré un an plus tôt.

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    Dormir en laissant la porte de la case ouverte, l’entrée partiellement voilée par un rideau, et se réveiller au chant des oiseaux en les regardant s’ébattre dans un arbre fleuri (un haut laurier rose).

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    Au terme d’un après-midi particulièrement chaud, le ciel s’est couvert et le vent s’est levé en rafales. Fatou toute excitée est venue vers moi en criant “il va pleuvoir ! il va pleuvoir !”. La pensée qu’il puisse pleuvoir était effectivement plus que réjouissante. L’ambiance semblait étrange, ce ciel assombri, ces bourrasques de vent secouant sans ménagement fleurs et arbustes, pétales virevoltants, oiseaux paraissant inquiets... Au son de tambours provenant du village (une nouvelle sortie de masques ?) moi aussi j’imaginais avec plaisir la pluie tomber, en pensant à cette vieille chanson : «Le jour où la pluie viendra, nous serons, toi et moi, les plus heureux du monde...». Mais elle n’est pas venue. (À la nuit tombée de spectaculaires éclairs de chaleur ont illuminé le ciel pendant plus d’une heure.)

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    Demain c’est jour de marché, je vais faire provision de mangues pour une semaine (au village on ne trouve que des bananes, des oranges et des papayes, la pleine saison des mangues n’a pas encore commencé).

    En prenant mon repas dans un maquis, ruisselant de sueur mon tee-shirt collé à la peau, je regardais un client à la table d’à côté revêtu d’un anorak !... J’ai même vu dans la rue un gars qui non seulement avait un épais blouson mais également un bonnet doublé de fourrure synthétique !... Quant à ceux qui ne peuvent se débarrasser de leur fourrure (naturelle) qui leur colle à la peau, ils rasent les murs à la recherche du moindre espace ombragé.

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    C’est la pleine saison de récolte des noix de cajou, pour une large part le reste des fruits en abondance est laissé sous les arbres où ils dégagent en pourrissant une odeur acidulée que je trouve fort agréable.

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    Sindou est une région attachante et c’est avec un petit pincement au cœur que je quitte les personnes avec qui j’ai sympathisé.

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