Constanta
Constanta est une très grande ville (la 3e du pays je crois), le plus intéressant est son centre historique, proche de la mer. (Pour information, vue avec du recul la mer Noire est bleue, de près elle est verte avec par endroit un nappé d’écume blanche.) L’ancien Casino, bâtiment prestigieux de style Art nouveau, est en attente de rénovation, il fait parti des joyaux de la cité. Les jardins publics où l’on peut se promener et s’asseoir pour lire sont nombreux et bien aménagés (comme dans la plupart des villes roumaines d’ailleurs). Le port des bateaux de plaisance, avec ses quais nouvellement aménagés, est peu fréquenté et, à côté, la petite plage présente un sable douteux de couleur beige sale. La belle et longue plage se trouve à Mamaia, à 3 km au nord de la ville. C’est la plus grande station balnéaire roumaine de la mer Noire. Sur un bras de terre situé entre la mer et un grand lac, elle est jalonnée de plus d’une soixantaine d’hôtels, sans compter les cafés, restaurants et discothèques !
Mamaia s’étend entre le lac Siutghiol et la mer Noire. Côté lac c’est la quiétude avec quelques pêcheurs à la ligne, côté mer c’est la folie ! Une concentration de transats et parasols en continu sur 8 km (pire que la côte d’Azur au mois d’août), avec toutes les attractions possibles : aires de jeux, manèges, petits trains, cycles en tous genres (2, 3 ou 4 roues), calèches ... et même une ligne de télécabines longeant la langue de terre en passant au-dessus des hôtels. Tous ces gens qui viennent s’entasser là — c’est ça les vacances !?... (En Afrique et plus encore en Inde, des gens essaient tout ce qu’ils peuvent pour se blanchir la peau, au mépris de leur santé ; ici c’est à qui aura la peau la plus foncée — là aussi en dépit des risques sanitaires.) Ce qui est sûr c’est que Grand-mère est particulièrement délurée et décomplexée (“Mamaia” signifie “grand-mère” en roumain).
C’est en fin de saison, lorsqu’elle a perdu les 3/4 de ses vacanciers, que la station balnéaire, avec ses petites places et ses espaces verts, devient agréable et propice aux flâneries.
Sur le bord du lac Tàbàcàriei (qui sépare Constanta et Mamaia) se trouve une grande et magnifique église en bois — surprenante ici parce que ces églises sont typiques de la région du Maramures (tout au nord-ouest de la Roumanie, la région sans doute la plus traditionnelle), ce sont d’ailleurs des ouvriers du Maramures qui l’ont construite.
Constanta s’est développée sur l’emplacement d’une ancienne cité (Tomis) fondée par les Grecs (il y a 2500 ans, il reste quelques vestiges), passée ensuite sous domination romaine (d’où le nom de Constanta en hommage à l’empereur Constantin). Ovide (poète-philosophe romain, 43-8 av. J.-C.) contraint à s’y exiler y est mort. Sa statue trône en face du musée d’histoire et d’archéologie.
En front de mer, près de l’ancien Casino, on réalise le tournage d’un clip (le chanteur ne doit pas être une grande vedette, c’est plutôt artisanal et à l’économie de moyens).
Eforie Nord
C’est une station balnéaire plutôt sympathique. La ville surplombe la mer d’une vingtaine de mètres, la plage en contrebas n’est pas très grande, ni rectiligne, elles est formée d’une succession de petites criques. Ce n’est pas un monstre de l’industrie touristique comme Mamaia. D’autant qu’il n’y a maintenant plus grand monde. C’est d’ailleurs très particulier cette ambiance de fin de saison : nombre de stands, de boutiques, de restaurants, ont déjà fermé, les attractions foraines sont en cours de démontage, les plagistes rangent la plupart des transats et parasols, et les grandes terrasses des cafés et restaurants paraissent bien vides.
C’est aussi une station thermale (comme plusieurs autres dans les environs), il y a un lac dont l’eau est beaucoup plus chaude que la mer. Les curistes s’enduisent le corps d’une boue noire qui est censée avoir des vertus bienfaisantes. (En traçant un damier sur le sable on pourrait jouer les noirs contre les blancs, comme en une manière de tester l’efficacité du traitement.)
Curiosité. Une rôtisserie diffuse en permanence, à côté des rangées de poulets embrochés en train de griller, le caquètement “joyeux” de volailles ; une façon sans doute de suggérer que les poulets ne sont pas voués aux feux de l’enfer, mais en route pour le paradis — comme nous si nous en mangeons.
À 8 km se trouve la station thermale de Techirghiol , sur le bord du lac du même nom. Rien de bien remarquable si ce n’est une petite église en bois (construite en 1750 dans le Maramures et déplacée là en 1920), une belle sculpture et quelques curistes peints en noir.
Mangalia
Mangalia est une ville agréable, avec port de plaisance et plage longée de belles promenades. La marina est séduisante, récemment réaménagée, c’est un lieu de promenade très prisé, toute la journée et jusqu’à tard le soir. Parmi les bateaux à quai deux ne passent pas inaperçus : un yacht à moteur et surtout un beau voilier.
Une des digues qui protègent les ports (de plaisance et commerce) est impressionnante, très large et longue d’environ un kilomètre (sinon plus). On peut y flâner en contemplant la mer et le passage de quelques bateaux, du plus petit voilier au plus gros navire de marchandises ; on y rencontre aussi quelques pêcheurs à la ligne. En regardant partir un énorme porte-conteneurs, immatriculé à Barcelone, je l’imaginais d’ici quelque temps franchir le Bosphore (et me voyais visiter la Turquie).
Saturn et Vénus sont les noms de deux stations balnéaires au nord de Mangalia (il y a également Aphrodite !... un hôtel). Mais il ne faut pas trop rêver, elles ne sont pas très belles, avec leurs grands hôtels qui ressemblent à des HLM, et le sable de la plage qui par endroits est terreux. En cette fin de saison pratiquement tous les établissements et commerces sont fermés, elles sont encore plus désertées que les autres, à tel point que l’on n’y voit parfois que des chiens errants.
Doi Mai
Doi Mai (2 Mai) est une station balnéaire qui se situe à 4 km au sud de Mangalia. De Doi Mai, à pied, en longeant la côte, en suivant un sentier fort agréable, entre flots de la mer Noire se brisant sur des rochers et haute falaise, on peut se rendre 4 km plus au sud à Vama Veche. C’est la fin du littoral roumain de la mer Noire, la dernière station balnéaire, très proche de la frontière bulgare. C’est aussi la station la plus décontractée.
Elle est surtout fréquentée par des jeunes et des marginaux. On peut librement y planter sa tente sur la plage. Des nudistes se baladent naturellement au milieu des autres vacanciers. On y voit des gars barbus, les cheveux longs attachés en queue de cheval ; de nombreuses filles sont à la mode des années soixante-soixante-dix, elles portent des robes longues style indien. Passer les après-midi à Vama Veche, installé à l’ombre sur une terrasse à même la plage. Profiter pleinement de cette ambiance de fin de saison. Boire une bière, rêvasser, lire, écouter la musique (des standards anglo-américains des années soixante-soixante-dix, du jazz surtout).
Les commerces ferment. Un peu partout on cloue des plaques d’aggloméré pour obstruer les issues ou protéger les vitres. Du dernier café-terrasse de plage resté ouvert (pour pas longtemps certainement, il y a si peu de clients), avec en fond sonore du rock ou jazz, on regarde, au-delà des tables et bancs bancals, dépareillés et poussiéreux, quelques vagues de sable balayer la plage sous l’effet d’un petit vent qui vient de se lever. On ressent une délicieuse impression de bout du monde décadent. Et l’on pense au film Bagdad Café !...
Dernière randonnée de Doi Mai à Vama Veche : pour la première fois, une épaisse et dense nappe de brume recouve la mer Noire ainsi que le sentier côtier, d’où la nécessité d’emprunter un chemin longeant le haut des falaises. En regardant la mer en contrebas, la vue est comparable à celle que l’on peut avoir d’un avion volant au-dessus des nuages. Tout le long du trajet on entend les cornes de brume, sans cesse activées, des navires qui entrent ou sortent du port (situé entre Doi Mai et Mangalia). C’est comme si elles rappelaient qu’il est temps de partir. Arrivé à Vama Veche, du haut de la falaise le spectacle est magnifique, toute la plage, ainsi que les baraquements qui la bordent, sont comme ensevelis sous un épais manteau de neige qui resplendit au soleil. Puis, soulevée par le vent, la brume s’élève et se dissipe dans l’atmosphère.
Bribes de voyage
Roumanie 1 Sibiu / Brasov