Madagascar 6 Antsirabe

7-ambo-8.jpg

   

Ambositra (suite)

    Ce matin je voulais seulement aller à la sortie nord de la ville pour me renseigner sur les départs demain des taxis-brousse pour Antsirabe et, de curiosité en curiosité, je me suis laissé entraîner pour une nouvelle longue et splendide randonnée (de 8h30 à 14h30). Je suis parti en direction d’une autre montagne — à l’opposé de mes précédentes balades. C’est étonnant comme le paysage était différent : des bois d’eucalyptus, des pâturages et quelques champs avec des fermes isolées. Les gens cueillaient des petits fruits rouges acidulés, des “goavitsinahy” en malgache — des goyaves (goavy) sauvages si j’ai bien compris. J’ai emprunté une piste qui gravissait la montagne, où circulaient dans les deux sens de nombreuses personnes portant des fagots ou des perches de bois, des sacs de charbon de bois et diverses autres marchandises ; il n’y avait plus que des bois de pin et d’eucalyptus.

7-ambo-9.jpg

 

    À ma grande surprise, un peu avant le sommet, installés sous des abris de branchages, se trouvaient côte à côte deux restos de piste.

7-ambo-10.jpg

 

    Je m’y suis arrêté, à l’aller pour manger un beignet et boire un café, et au retour j’y ai pris mon repas : du riz avec des haricots et un peu de viande (le tout pour 0,20 €) — à coup sûr j’étais le premier vazaha à y manger (ce sont là des moments magiques...). Entre temps j’ai franchi le col et je suis descendu sur l’autre versant vers d’autres maisons isolées — ai de nouveau pris un café et mangé un beignet dans un autre resto de piste au style tout aussi rudimentaire (une cabane de planches et de terre au toit de paille — j’avais l’impression d’un retour au Moyen-Âge... une émotion indicible).

7-ambo-11.jpg

 

    J’ai emprunté une nouvelle piste cheminant dans la forêt pour accéder au point le plus haut de la montagne (1860 m). J’en suis redescendu par un sentier abrupt traversant des bois touffus. Je m’attendais à rencontrer des lutins ou des elfes — mais je n’en ai pas vu. De retour dans la plaine, en visitant un village, je me suis une nouvelle fois aventuré dans des petits sentiers et retrouvé piégé au milieu de rizières (sans plus savoir par où passer). J’ai dû rejouer au funambule, avec autant d’appréhension, et sans le secours de gamins qui m’ont accompagné pour me montrer le chemin à suivre, je ne sais pas comment j’aurais fait ! (un dédale où il ne faut pas se fier aux apparences et où le plus court chemin d’un point à un autre n’est jamais la ligne droite). Encore une magnifique journée !

7-ambo-12.jpg

 

    Je vais partir demain matin non sans regret (il y a tant de belles balades et rencontres à faire ici — après Ambalavao et Manakara, Ambositra aura été dans ce voyage mon troisième coup de cœur).

7-ambo-13.jpg

8-antsi-1.jpg

 

    Antsirabe

    Antsirabe est une ancienne ville thermale (située à 1400 m d’altitude). Il reste un certain nombre d’édifices de l’époque coloniale comme la cathédrale, la gare (pratiquement plus utilisée) et le Grand hôtel des Thermes qui domine le lac (à l’eau trouble) dont une promenade pavée fait le tour. Des gens viennent y faire leur lessive et y laver maints objets de récupération (sacs, chaussures...) et tout cela sèche étalé au soleil. Il y a de nombreux espaces verts et jardins publics, les rues principales sont larges et boisées. C’est une ville agréable qui est restée assez soignée — avec une ambiance qui évoque un peu le temps de la colonie française.

8-antsi-2.jpg

 

      Une balade matinale en périphérie de la ville : l’abattoir n’est pas aux normes d’hygiène occidentales ! ...(pourtant il y a une cinquantaine d’années, à l’indépendance, il devait être moderne et fonctionnel) ; les “Sœurs du Christ” habitent une grande bâtisse dans une vaste propriété entourée de hauts murs hérissés de tessons de verre (!) et l’entrée est grande ouverte, sans portail (?) ; des chanteurs comme Alain Barrière ou Frédéric François sont en vogue — c’est amusant d’entendre leurs chansons comme si elles étaient d’actualité (au dépaysement géographique s’ajoute une sorte de remontée dans le temps).

8-antsi-3.jpg

 

      Une randonnée de plusieurs heures dans la campagne et les villages environnants :

8-antsi-4.jpg

8-antsi-5.jpg

            
    Un repas pour 8 centimes d’euro (1000 frs mg soit 200 Ar) dans un resto de rue d’un quartier très populaire : une grosse assiette de riz, une petite assiette de courgettes en sauce avec deux petites boulettes de viande et un bol d’eau bouillie avec des épinards (pour boire et/ou pour mettre dans le riz). Après il ne reste plus qu’à manger un beignet et des fruits et boire un café. 

8-antsi-6.jpg

 

    C’est la période des fenaisons, on croise un peu partout dans la campagne des charrettes remplies de foin. Nous sommes dans une région d’élevage et de culture (avec des champs de maïs et des bois), ce n’est pas très différent de certaines régions en France — si ce n’est les zébus à la place des vaches et les pistes qui ne sont pas bitumées (il y a quand même quelques rizières en fond de vallées).

8-antsi-7.jpg

 

    À Madagascar les cimetières sont peu nombreux, les tombeaux sont dispersés un peu partout. Culte des ancêtres oblige, les tombeaux sont construits un peu comme des maisons — avec une porte d’entrée, un vestibule puis une grande pièce — et même assez fréquemment les ancêtres sont mieux logés que les vivants (à voir toutes ces cabanes construites de bric et de broc , alors que les tombeaux sont des constructions en dur et souvent ruineuses — surtout dans le sud-ouest de l’île).

8-antsi-8.jpg

 

    Ma balade d’aujourd’hui m’a conduit à un lac (le lac Andraikiba) à 7 km d’Antsirabe et je suis revenu en minibus. C’est un grand lac (4 km pour en faire le tour) en pleine campagne, entouré de collines. Là aussi les gens du coin viennent y faire leur lessive — un peu partout du linge est étalé sur l’herbe. On imagine comment il était mis en valeur avant. Une grande piscine était aménagée sur un bord — il reste les plongeoirs et le bâtiment des cabines — et en face il y avait un grand bar-restaurant ; tout cela est maintenant délaissé et délabré... Mes rencontres et discussions avec les paysans ont été fort agréables et instructives.

8-antsi-9.jpg

8-antsi-10.jpg


    Betafo est une autre ville thermale à 22 km d’Antsirabe. Cette petite bourgade située à côté d’un beau lac, autour duquel sont aménagés de nombreux espaces verts et promenades, est une destination prisée en fin de semaine.

8-antsi-11.jpg

 

    Dans la campagne environnante les charrettes sont bâchées comme les chariots des cow-boys de la conquête de l’Ouest américain (si ce n’est qu’elles n’ont que deux roues — et non pas quatre — et qu’elles sont tirées par des zébus — et non par des chevaux)...

8-antsi-12.jpg

 

    À l’aller nous étions 18 dans un break Peugeot. Au retour dans un autre break à bout de souffle nous étions tout aussi nombreux. Les amortisseurs étaient morts et les roues voilées, la voiture tanguait comme un bateau. Les vitesses passaient mal, il n’y avait pas de frein à main et le pot d’échappement était cassé (on faisait plus de bruit qu’un tracteur), il est tombé juste à l’arrivée...

8-antsi-13.jpg

 

   Bribes de voyage

  Madagascar 1 Tana / Tuléar