Boromo
Boromo est une bourgade tranquille dont on a vite fait le tour. On se croirait autant en brousse qu’à la ville, il y a des animaux partout : volaille, cochons (des noirs, des blancs et des zébrés), ânes et zébus.
Une auberge écologique dont les chambres ont le plafond voûté (construction au toit de terre sans emploi de bois et de tôle ondulée). Les WC dans la cour ne ferment pas de l’intérieur ! uniquement de l’extérieur ! (ils doivent occasionnellement servir de cachot pour les mauvais clients).
Visite de l’atelier des Grandes personnes d’Afrique, une association d’artistes de théâtre de rue, présentant des spectacles de marionnettes (classiques et marionnettes géantes portées sur les épaules).
Une balade à Ourobona, un village situé à 5 km, l’occasion de sympathiques rencontres.
L’auberge a deux résidents permanents : un couple de perroquets très peu farouches qui déambulent dans la cour (l’un d’eux a eu l’audace de s’en prendre à un de mes orteils !). Depuis que je leur ai donné des cacahuètes dès que j’arrive ils viennent quémander à la porte de ma chambre, ce matin ils sont même entrés.
Le bord du fleuve Mouhoun est censé être un lieu privilégié pour voir les éléphants. Pourtant leur passage y est très aléatoire. Je n’y ai vu dans la boue que des traces datant de quelques jours, c’est toujours ça ! Il est vrai que ce doit être impressionnant de les observer dans leur milieu naturel ! Ce sera peut-être pour une autre fois.
À défaut d’éléphant j’ai vu un dromadaire ! Ce qui était somme toute plus inattendu — un nomade solitaire égaré ici, loin du Sahel !?
Une visite à l’atelier d’un sculpteur sur bois spécialiste des masques (sa maison avec jardin est un havre de paix).
Une belle randonnée de plus de 15 km pour visiter un village près d’un lac de barrage. C’est un lieu de cultures maraîchères et de bananeraies. Chemin faisant j’ai rencontré des villageois, des bergers et des maraîchères ravies de me montrer leur jardin.
Au retour j’ai longuement côtoyé un jeune homme transportant du sable dans une charrette tiré par deux ânes. La charge était lourde et les ânes chétifs. Il n’arrêtait pas de leur taper dessus, de plus l’un d’eux boitait. Un coup de bâton sur l’échine d’un âne ça fait du bruit, un bruit sourd qui à chaque fois me crispait. Je serrais mon bâton dans la main… dire comme j’avais envie de lui en donner un grand coup ! Mais au lieu de ça, m’ayant proposé de monter avec lui sur la charrette, j’ai décliné son offre tout en le remerciant...
La gare routière est bien protégée, des vautours y montent la garde en permanence.
Sabou
De Boromo à Sabou 90 km dans un car confortable. Durant le trajet un bonimenteur a présenté des remèdes naturels pour traiter des troubles tels qu’hypertension, constipation... Il a commencé par distribuer des bonbons à tous les passagers du car, s’est présenté, nous a souhaité un bon voyage, puis s’est livré à une harangue d’un bon quart d’heure, faisant rire l’assistance en mimant, grimaces et bruits appropriés, certains symptômes. Puis il a commencé à vendre ses produits. Surprise ! au moins un passager sur deux lui a pris quelque chose, parfois deux à trois remèdes. Le moins que l’on puisse dire c’est que son travail est particulièrement rentable, autrement dit que les gens sont particulièrement réceptifs à la suggestion. Tandis qu’à la radio : “Jésus c’est ma lumière...”.
Sabou est un village accueillant connu pour sa marre aux crocodiles dits sacrés. Il n’est pas aisé de les apercevoir en journée (les touristes recourent à un guide qui les attire en leur lançant un poulet vivant au bout d’une ficelle, j’ai évité ça). Par contre il est facile de les voir le matin aux premiers rayons de soleil — ils prennent un bain de soleil après la fraîcheur de la nuit, avant de retourner à l’eau pour tout le reste de la journée.
Et comme toujours de belles balades dans les villages des environs.
Koudougou
Sabou-Koudougou par la piste en vieille Peugeot bâchée, guère plus d’une trentaine de kilomètres mais toute une expédition ! à 20-30 km heure, avec parfois des pointes à 40 ! Privilège du Blanc, on a une place de choix dans la cabine, les autres passagers étant entassés sur la plate-forme, assis sur deux bancs de bois. Sous les pieds du chauffeur la tôle était percée, on voyait la route défiler.
Dédougou
De Koudougou à Dédougou le car était complet, voyage assis sur un tabouret en plastique dans l’allée centrale. Un vieux car bringuebalant, craquant et cliquetant de toutes parts, 130 km (80 de piste et 50 de goudron) cependant sans problème.
Dédougou est une petite ville à l’habitat dispersé comme dans la plupart des villes africaines. Les différents services ministériels et publics sont éparpillés hors la ville, dans la nature, même le bureau de poste est isolé à la périphérie de la ville. Par contre le local de la Loterie Nationale lui il est bien situé, au cœur de la cité.
Il y a des photos que l’on aimerait pouvoir prendre, des images qui marquent. Après qu’un sculpteur de bronze m’ait montré son travail, nous sommes allés prendre un dolo dans un cabaret. L’image : deux jeunes femmes assises sur un banc, buvant leur calebasse de bière pendant que leur bébé tétait le sein.
De la nécessité de changer d’hôtel. Pas une minute de répit de toute la nuit, de la musique à fond la caisse en plusieurs endroits dans les environs immédiats. La notion de tapage nocturne ici on ne connaît pas. Lorsque la dernière sono, celle du maquis d’à côté, s’est arrêtée, il était 4h30 du matin. L’heure où le muezzin appelle à la prière, puis une demi-heure de prêche par haut-parleur. Ensuite les radios et téléviseurs des lève-tôt... et tous les bruits de la ville qui repartent. (Pire qu’en Inde ! en tout cas dans ce quartier.)
Après la poussière qui envahit tout et les déchets qui jonchent le sol vient, en milieu urbain, la pollution sonore... et ce n’est pas rien ! Beaucoup ont la fâcheuse habitude de mettre radios et téléviseurs à fond, comme de plus les appareils sont souvent de mauvaise qualité, les distorsions amplifiées rendent les sons difficilement supportables. Pourtant personne ne se plaint, ça semble normal (je n’ose imaginer le nombre de gens atteints de déficience auditive).
Je reste quelques jours de plus à Dédougou pour profiter d’une sortie de masques qui dure une semaine (rituel animiste des Bwaba). C’est une manifestation coutumière qui a lieu à l’intersaison. Les masques par dizaine, tout de vert, revêtus de feuilles et portant bâton, parcourent la cité en poursuivant les gens, surtout les enfants qui, excités et apeurés, se sauvent en tous sens. Avec leur gros bâton ils frappent le sol et ont de plus une branche flexible dont ils fouettent notamment les fesses des filles.
Un petit restaurant populaire a pour enseigne “La fourchette d’or”, on y mange copieusement pour pas cher — mais uniquement avec des cuillers à soupe (la fourchette doit probablement rester enfermée dans un coffre).
Mes balades matinales sont parfois l’occasion de découvertes inattendues et intéressantes, telle cette grande carrière de briques de roche. C’est un travail de précision que de tailler ces briques de roche tendre, pour les extraire directement du sol, parfaitement calibrées.
Ouagadougou
Le quartier des nantis du Burkina, Ouaga 2000, là où se trouve le nouveau palais présidentiel et de nombreuses villas. Comme toujours tout est disproportionné et tape-à-l’œil. De larges avenues goudronnées avec très peu de circulation, des rangées de réverbères qui n’en finissent pas, avec de part et d’autre des terrains vagues. Tous les soirs, comme la consommation d’électricité est trop importante, des quartiers entiers sont privés de courant quelques heures — les plus populaires bien sûr !
Un chauffeur de taxi me disait que le Burkina était le pays d’Afrique qui recevait le plus d’aides internationales et où la corruption était la plus grande (avec des sommes d’argent détourné sans cesse plus importantes). Et lui aussi se demandait si ça pourra changer un jour ?!
Bribes de voyage
Burkina Faso 1 Bobo / Banfora