Sénégal 7 Kayar

 

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      Sur la Grande Côte Kayar est une bourgade de pêcheurs relativement prospère (même si les ressources en poissons sont en diminution). Son intense activité de pêche est sûrement la plus importante du Sénégal. Elle attire de nombreuses personnes, des saisonniers et des vendeurs ambulants (de vêtements, chaussures, bijoux-fantaisie...), venues des villes voisines ou même d’autres régions voire d’autres pays africains pour essayer d’y gagner un peu d’argent.

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      Louer une case au mois avec, depuis le seuil de sa porte (et de l’intérieur à travers le voile du rideau), vue sur l’océan et ses rouleaux déferlant sur l’immense plage de sable fin et clair — ça c’est pour la carte postale, ne parlons pas des sacs, gobelets et bouteilles en plastique, des boîtes de conserve et autres détritus (sans compter que la plage fait aussi office de toilettes). Dormir bercé par le bruit des vagues. Bien sûr pas d’eau courante ni d’électricité — éclairage à la bougie et eau au seau.

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      Chaque jour environ 600 pirogues partent en mer. Les grosses avec leur moteur peuvent aller loin, les toutes petites à rames ne s’éloignent pas de la côte. Reste que pour toutes le passage des rouleaux, au départ comme au retour, est un moment particulièrement délicat pour ne pas dire dangereux. Il faut souvent s’y reprendre à plusieurs fois.

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      En face du village la plage est animée du milieu de la matinée à la tombée de la nuit. Et tout particulièrement en fin d’après-midi lorsque rentrent de pêche un grand nombre de pirogues. Il y a trois catégories de pirogues : les petites à rames, les moyennes à moteur, au retour de pêche, leur cargaison déchargée, on les hisse sur la plage en les faisant glisser sur des rondins de bois, et les plus grosses qui restent ancrées dans l’océan à l’arrière des rouleaux. On ne les échoue sur le sable que pour assurer leur entretien ou lorsqu’elles ont besoin d’être réparées.

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      À l’arrivée des pirogues c’est la ruée, les femmes viennent avec un seau, une corbeille ou une bassine s’approvisionner en poissons, cependant que le plus gros de la pêche est transporté par des hommes, dans des caisses qu’ils portent sur la tête, jusqu’aux quais de chargement des camions.

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      Les carrioles tirées par un cheval servent essentiellement à décharger le matériel : moteur hors-bord, bidons pour le carburant, filets à réparer, cordages... Le poisson est ensuite acheminé à Thiès et surtout à Dakar, pour les besoins de la population mais aussi où le premier choix est exporté (en Asie et en Europe).

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      À l’arrivée des pirogues, une partie de la pêche est tout d’abord déchargée en gros tas à même le sable sur la plage. Des personnes en profitent pour venir chaparder quelques poissons. Les patrons des pirogues qui veillent au déchargement font mine de protester mais le plus souvent laissent faire (c’est une forme de solidarité). Mieux, certaines personnes, prélevant quelques poissons dans chaque tas, finissent par se constituer elles-mêmes un petit tas à l’ombre des pirogues remontées sur la plage. Je pense qu’elles doivent alors les vendre en douce, à bas prix, aux femmes venues des villes voisines avec leur seau ou bassine (ainsi ça leur permet de se faire un peu d’argent). Mais ça aussi tout le monde doit le savoir et ça fait également partie de la solidarité (dès lors que le tas de poissons détournés reste modeste).

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      Lorsqu’une grosse pirogue a abordé le rivage, la remettre ensuite à flot est toute une affaire ! Orientée vers le large, elle est entourée de plusieurs dizaines de personnes, la maintenant en équilibre avec des cordes et prêts à la pousser. Lorsqu’arrive une grosse vague, l’ordre est donné de pousser et le moteur vrombit. Mais il n’est pas si facile de l’arracher à l’emprise du sable. Et l’opération doit être recommencée maintes fois jusqu’à ce qu’enfin elle réussisse. Il n’est pas rare que cela puisse durer près d’une heure !

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      Tout le long de la Grande Côte, à l’arrière de la plage et des dunes une forêt de conifères a été plantée, sous l’égide de la communauté internationale, il y a déjà de nombreuses années, pour constituer une bande verte, sorte de barrière limitant la désertification. Dans cette forêt, qui n’échappe pas à la pollution généralisée, il est interdit de couper des arbres (quelques gardes forestiers assurent une surveillance). Il n’empêche que cette forêt est régulièrement mise à mal par des coupes clandestines qui échappent à la vigilance des gardes, elles ont généralement lieu la nuit et les jours fériés.

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      Le soir l’immense plage est quasi déserte : deux ou trois pêcheurs à la ligne et deux bandes de chiens craintifs.

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      Au-delà de la forêt côtière le paysage alterne dunes recouvertes de végétation éparse et zones planes cultivées par des maraîchers, plus loin il y a de grandes plaines également dédiées aux cultures maraîchères (tomates, pommes de terre, oignons, arachides, piments...). Des puits, parfois de 12 mètres de profondeur, sont creusés au milieu des exploitations, dans le meilleur des cas une motopompe puise l’eau et la répartit dans des cuves en ciment disposées dans les parcelles pour l’arrosage. C’est la période de récolte notamment des oignons et des pommes de terre.

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      Comme dans la plupart des pays d’Afrique il faut faire attention lorsque l’on parcourt la campagne, fréquemment des puits, d’au moins 10 mètres de profondeur, se trouvent juste en bordure de chemin, à ras du sol sans protection. L’un d’eux était seulement signalé par un bâton supportant un sac plastique en guise de fanion. Il serait très imprudent de s’y aventurer de nuit.

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      Au hit parade des idoles de la plupart des gens il y a ex æquo les lutteurs vedettes et les marabouts fondateurs des confréries religieuses musulmanes (ainsi que leurs descendants, actuels chefs religieux) et loin derrière (en 3e position) des footballeurs de grands clubs européens. Leurs portraits sont affichés un peu partout, surtout sur les pare-brise des véhicules. Sur la plage, tous les jours depuis tôt le matin et jusqu’à la tombée de la nuit, des jeunes tout en muscles font des exercices physiques (pompes, assouplissement...) et quelque fois s’affrontent dans des combats d’entraînement. Sans nul doute ils rêvent de devenir eux aussi des champions de lutte — et ici plus qu’ailleurs on a grandement besoin de rêver ...

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   Bribes de voyage

  Sénégal 1 Bakel / Podor

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