D’origine indienne, une trentaine d’années guère plus, elle est fort séduisante, avec le visage de quelqu’un qui a déjà, sans aucun doute, pas mal galéré et qui n’en est que plus beau. Elle parle hindou, anglais bien sûr, espagnol et se débrouille pas si mal en français. Elle garde avec elle un carnet à spirales avec feuilles de papier à dessin et une grande boîte de crayons de couleur. Elle griffonne des esquisses. C’est apparemment son truc, pour se donner un statut d’artiste, mieux attirer l’attention, et engager plus facilement la conversation. Elle dit avoir enseigné l’anglais et être musicienne et poète. Elle n’a pas de pays de résidence et semble avoir échoué ici sans vraiment l’avoir voulu. Elle n’aura bientôt plus d’argent et ne sait pas trop ce qu’elle va faire... Elle a manifestement besoin de parler tout en restant très énigmatique.
Alors que nous étions tranquillement à bavarder à la terrasse d’un café, un déséquilibré se rue sur nous, nous injuriant et nous menaçant en levant le bras. Des passants se sont précipités pour le maîtriser, non sans peine, et l’entraîner plus loin.
Elle avait les mains fines et délicates ... mais de la crasse sous les ongles — et pas qu’un peu ! , le détail qui rompt le charme.