Après quelques jours de ciel bleu à Rabat le temps redevient maussade : vent et pluie intermittente.
Dans la médina, sur une petite place entre rempart et marché central, installés à de petites tables coiffées de parasols, une dizaine d’écrivains publics reçoivent leurs clients — tous assis sur des chaises dépareillées, rafistolées et branlantes. Ils tapotent d’un ou deux doigts sur de grosses machines à écrire mécaniques d’un autre âge. Juste à côté un grand panneau indique avec une flèche : club internet, traitement de texte, imprimante, photocopies.
Le ciel est uniformément gris. Assis à la terrasse couverte d’un café, je regarde passer de pimpantes jeunes Marocaines haut perchées sur leurs talons aiguilles. Tandis qu’à côté de jeunes Noires font la manche. Il y en a ainsi dans la plupart des grandes villes marocaines — et tout particulièrement à Casablanca, Rabat et Tanger. Certaines ont un bébé dans le dos. J’imagine tout ce qu’elles ont dû vivre depuis leur départ d’Afrique noire — leur rêve d’Europe brisé dans une impasse.
Un marchant ambulant déploie ses parapluies sur le trottoir et se met à crier : parapluie, parapluie, parapluie... Le ciel s’éclaircit et le soleil apparaît.
Magie noire et blanche
Dans Anecdotes de voyage