Alors que je prenais mon petit déjeuner à la terrasse d’un café, m’est apparue, au bout de la rue d’en face, une étrange créature, une sorte d’insecte géant, progressant lentement et gauchement sur quatre pattes. Le phénomène s’étant rapproché, j’ai reconnu une personne, petite et assez menue, avec un gros et haut sac à dos, auquel étaient accrochées, de chaque côté, maintes pendouilleries (comme une paire de chaussures), avec en plus, sur le devant, trois sacs-polochon (2 contre la poitrine, le 3e par dessus). Lorsque l’on est habitué à voyager avec, pour tout bagage, un léger sac en bandoulière, on peut être étonné (voire quelque peu amusé) à la vue de ces routards ployés sous le poids d’un énorme sac à dos. Mais là !!!... Elle tenait dans chaque main une canne métallique télescopique (déployée), je me suis dit : c’est une personne âgée... elle ne doit plus avoir toute sa tête ! En fait, de plus près, j’ai vu que c’était une jeune femme, disons d’une trentaine d’années (son chapeau de toile à large bord dissimulait en partie son visage). Apparemment ses deux cannes, qu’elle tenait écartées devant elle, ne lui servaient pas pour marcher mais pour prendre appui lors de ses fréquentes pauses. L’être humain est décidément une bien étrange créature.