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Rêveries
Au fil de mes vagabondages ce "Blog" présente principalement des billets d'humour
Le 02/11/2010
Il est des lieux en friches où les enfants préfèrent jouer à chaton coulé plutôt qu’à chat perché. Le jeu est simple. Des enfants se répartissent autour d’un creux d’eau, l’un d’eux lance un chaton au milieu, lequel nage pour regagner le bord. L’enfant “choisi” a le plaisir de s’en saisir pour le rejeter à l’eau. Ainsi de suite, jusqu’à ce que, d’épuisement, le chaton se noie. L’enfant l’ayant relancé pour la dernière fois a gagné.
Le 26/10/2010
À Tanger dans un jardin public, sur l’aire où l’on joue habituellement au ballon, deux jeunes de 10-11 ans, le cartable sur le dos, se lancent un défi. L’un en face de l’autre, à une distance d’une dizaine de mètres, ils ont à leurs pieds — posées devant eux — quatre ou cinq pierres. À tour de rôle ils s’en lance une, violemment, tandis que l’autre l’esquive. Le jeu est dangereux (si l’un d’eux recevait une pierre — de la grosseur d’un demi poing — en pleine tête, il serait sérieusement blessé). Heureusement celui qui a été touché ne l’est qu’à la cuisse. Il repart en boitant.
Le 12/10/2010
Babacar, un gaillard d’une trentaine d’années, de corpulence impressionnante, ne sait trop comment occuper ses moments de loisir dans cette petite bourgade d’Afrique Noire. Il ne sort guère que pour aller jouer au tiercé. Comme beaucoup d’Africains citadins il joue régulièrement aux courses en espérant, bien sûr, gagner une grosse somme d’argent. Nous nous retrouvons un dimanche soir à prendre un verre dans un petit café du quartier du marché. Dans un coin somnole un vieil Africain. On nous dit que c’est un grand sorcier. Quand il se réveille Babacar s’entretient avec lui en Wolof. Il sort de son sac ses plantes miraculeuses qui guérissent et préservent de tout (il y a bien sûr le pouvoir médicinal des plantes mais là, à voir le regard malicieux du sorcier, je pense qu’on a affaire, au mieux, à de la pure magie). Babacar, très enthousiaste, prend un bout de papier pour noter très scrupuleusement tout ce que le sorcier lui conseille. Quant à moi j’ai droit à une fleur, selon ses dires la plus puissante des plantes porte-chance, à mettre près de mon porte-monnaie pour être sûr de devenir riche.
( Voici la plante au pouvoir magique. Une valeur symbolique ? )
Le lendemain Babacar me montre quelques feuilles de papier blanc qu’il vient d’acheter. Il me dit : «c’est le vieux qui m’a demandé de les acheter, je vais le voir pour qu’il me fasse une protection très puissante». (Les sorciers écrivent des formules ou dessinent des graphes sur un bout de papier qui est soigneusement roulé et enserré dans un tissu, une ceinture, une pochette, un pendentif... ce qui constitue une amulette.) Et il ajoute très sérieusement : «ça va me permettre enfin de gagner beaucoup d’argent, et je serai même protégé contre le fer». Il a dû me voir un peu étonné car il a aussitôt précisé : «oui si quelqu’un veut me donner un coup de couteau la lame ne pénétrera pas dans mon corps, et même si l’on me tire une balle de revolver elle ne pourra pas pénétrer»...
Le 05/10/2010
Le 28/09/2010
Un vieux monsieur, chèche et djellaba, tout de blanc vêtu, barbe assortie, assis sur un banc regardait le chauffeur d’un car manger une orange. Lequel en avait d’autres dans un sac. J’ai compris, après coup, qu’il lui avait dit : je t’en lance une, si tu réussis à l’attraper elle est pour toi, sinon je la reprends. Il lui a lancé une orange, il ne l’a pas rattrapée, il la lui a reprise... Puis il lui a donné une deuxième chance, il l’a de nouveau ratée... il la lui a une deuxième fois reprise — avant de finalement la lui laisser...
Le 21/09/2010
Le 09/09/2010
Le 07/09/2010
Au Maroc, comme dans toute l’Afrique, on consomme le thé avec beaucoup de sucre — ce n’est plus du thé mais du sirop de thé (chez nous certains font de même avec le café) — et ce n’est plus seulement une boisson mais un aliment à part entière (avec un pain et de l’huile d’olive ça fait un repas).
Il est plaisant de regarder le cérémonial de préparation, très codifié, qui nécessite le transvasement dans au moins deux verres — et l’on verse de très haut pour bien faire mousser. Si l’on demande la justification de cette ritualisation, beaucoup ne savent que répondre — et les “explications savantes” divergent au point de sembler contradictoires : pour l’aérer (l’oxygéner), lui donner plus de corps (de consistance), de couleur..., ça sert au moins à mélanger le sucre.
C’est au Sénégal que j’ai vu les rituels les plus longs et les plus “compliqués” (nécessitant de nombreux verres). Peu convaincu par les diverses justifications, je me souviens avoir demandé à un ami Peul : — «Dis-moi sérieusement à quoi ça sert ? vraiment», — «À quoi ça sert ? vraiment ? À passer le temps, bien sûr». Ce qui est non moins sûr c’est que, sans ces rituels, le thé n’aurait plus la même saveur.
Le 01/09/2010
Savez-vous comment on transporte quinze adultes, quatre enfants, leurs bagages, une chèvre, son petit et une brouette, avec un vieux taxi brousse ?
Vous placez trois adultes et l’enfant le plus âgé sur la banquette arrière. Sur la banquette centrale, la plus large, vous installez les quatre passagers les plus corpulents, deux bien calés au fond de l’assise, les deux autres plus en avant, vous mettez les trois plus jeunes enfants sur leurs genoux. Vous placez ensuite deux personnes à droite du chauffeur et une troisième à sa gauche, lequel conduit assis sur une moitié de siège. Un bon point pour la sécurité, pendant tout le trajet personne ne bouge. Les quatre autres passagers, debout sur le toit du véhicule, à l’arrière de la galerie, s’accrochent aux bagages comme ils peuvent. Bien que pattes liées, la chèvre et son petit, nichés dans un creux au sommet du chargement, sont assurément les mieux lotis. Quant à la brouette, retournée et fixée à l’avant de la galerie, elle améliore l’aérodynamisme de l’ensemble — tout en servant de bouclier, il se pourrait bien en effet que, grisés par le spectacle, des indigènes narquois décochent quelques flèches.
Le 08/07/2010
Le 06/07/2010
À la terrasse du café dominant la grande place (avec sa façade ornée d’une fresque représentant des musiciens), assis seul un peu à l’écart, un monsieur d’un certain âge, bien vêtu, parlait en ponctuant ses propos de gestes de la main. Il a déplacé, avec précaution, la chaise qui était à ses côtés pour la mettre bien en face de lui. Puis il a repris sa discussion — sur un ton plus confidentiel — en se penchant légèrement en avant. C’est à ce moment précis que j’ai tout compris : il s’entretenait avec l’homme invisible.
Ils avaient rendez-vous tous les soirs. Le serveur apportait toujours deux verres : un café et un verre d’eau (l’homme invisible boit l’eau — ça ne se voit pas).
Le 02/07/2010
Les bébés n’ont plus d’âge. Dans le car un jeune homme d’une vingtaine d’années, tout en muscles (certainement un militaire partant en permission), après avoir incliné son siège, s’y est lové, en se recouvrant d’une couverture synthétique, particulièrement soyeuse, avec pour motif de grosses roses rouges sur fond bleu. Il en a passé un pan autour de son cou et avec sa main la tenait sous son nez et contre sa bouche, comme s’il “nounait” — une bonne bouille, tout sourire, il était aux anges !
Le 30/06/2010
Le 28/06/2010
Alors que je prenais mon petit déjeuner à la terrasse d’un café, m’est apparue, au bout de la rue d’en face, une étrange créature, une sorte d’insecte géant, progressant lentement et gauchement sur quatre pattes. Le phénomène s’étant rapproché, j’ai reconnu une personne, petite et assez menue, avec un gros et haut sac à dos, auquel étaient accrochées, de chaque côté, maintes pendouilleries (comme une paire de chaussures), avec en plus, sur le devant, trois sacs-polochon (2 contre la poitrine, le 3e par dessus). Lorsque l’on est habitué à voyager avec, pour tout bagage, un léger sac en bandoulière, on peut être étonné (voire quelque peu amusé) à la vue de ces routards ployés sous le poids d’un énorme sac à dos. Mais là !!!... Elle tenait dans chaque main une canne métallique télescopique (déployée), je me suis dit : c’est une personne âgée... elle ne doit plus avoir toute sa tête ! En fait, de plus près, j’ai vu que c’était une jeune femme, disons d’une trentaine d’années (son chapeau de toile à large bord dissimulait en partie son visage). Apparemment ses deux cannes, qu’elle tenait écartées devant elle, ne lui servaient pas pour marcher mais pour prendre appui lors de ses fréquentes pauses. L’être humain est décidément une bien étrange créature.
Le 25/06/2010
Dans ce restaurant où nous allons prendre notre repas de midi, on mange bien et copieusement — sans compter l’accueillant sourire du cuisinier et des serveurs. Comme la plupart des gens mangent avec les mains — conformément aux habitudes culturelles africaines —, il n’y a que les fourchettes qui font la tête — leurs dents se regardent de travers. La première fois j’hésitais à porter la mienne à ma bouche — je craignais qu’elle me morde.
Le 23/06/2010
À Dakhla en revenant de balade, quelque peu fatigué sans doute (le soleil tapant fort malgré mon chèche), je regardais deux palettes de parpaings déposées devant une maison en construction. Côté rue, elles étaient enveloppées d’une couverture. Étonné, je me disais qu’il fallait que les parpaings soient, ici, des matériaux bien précieux pour qu’on les protège ainsi avec une couverture (?). En me rapprochant, constatant la qualité de ces couvertures et leur parfait état, mon étonnement était encore plus grand... On avait, bien sûr, profité de la présence de ces palettes pour mettre à sécher deux couvertures que l’on venait de laver.
Le 20/06/2010
Les grandes tiges des plantes grasses sont désormais en fleurs (bien que celles-ci soient quelque peu passées). Elles sont devenues quasiment des arbres, en forme de candélabres géants.
Je regardais tous ces bouquets de fleurs, formant autant de plates-formes étagées, à la surface desquelles les minces pétales jaunes, légèrement agités par le vent, vibraient sous l’éclat du soleil comme une multitude de petites flammes. C’est alors que, dans les vibrations de l’air, j’aperçus au sommet, sur le plus haut bouquet, trois fées qui dansaient.
Si graciles et légères elles semblaient voler — et le fait est qu’elles avaient des ailes. Lassées de virevolter sur un bouquet elles se laissaient, en tournoyant doucement, descendre sur la plate-forme suivante. Ainsi arrivées sur le dernier bouquet, sitôt leur danse terminée, elles se sont envolées...
Si j’avais eu un filet à papillons au bout d’une longue perche (?) ...
Le 19/06/2010
À Safi. Aujourd’hui le temps a été morose — seulement quelques brèves éclaircies. Il a plu une bonne partie de la nuit. Et ce matin le ciel était encore sombre, avec de la pluie par intermittence. Dans la médina, face aux remparts, réfugiés sous l’auvent de la terrasse d’un café, nous étions quelque téméraires à prendre notre petit déjeuner dehors — la tête dans les épaules et le col relevé pour se protéger d’un petit vent frais. De la falaise, à peu de distance, nous venait le fracas, plus rude qu’à l’accoutumée, des vagues sur les rochers.
Surgit soudain, mitraillette en mains, une femme d’une cinquantaine d’années, tête nue, le cheveu court et hirsute, roussi au henné. Elle braque tour à tour chacun des clients — nous mitraillant l’un après l’autre. La mine ravie au bruit métal-plastique des cliquetis en rafales, elle est tout à l’excitation de la manipulation de son jouet d’enfant.
Un rayon de soleil inattendu. La première éclaircie de la journée.
Le 18/06/2010
Papillons oranges
Ô j’ai fait ce rêve étrange
De beaux papillons oranges
— Oui j’ai bien “vu” la couleur,
Pu percevoir leur splendeur —
Qui s’échappaient en nuée
De ma bouche et de mon nez.
Je me disais, oppressé,
Qu’à ce point parasité,
Si je ne pouvais rien faire,
Ma peau ne valait pas chère.
Épris de vie, le cœur gros,
Je m’éveillais en sursaut.
En pleine nuit, un client
De l’hôtel, très mécontent,
Vociférait, et dehors
Un chien hurlait à la mort.
La mort pas encore, c’est dit
Je me rendors, à lundi.