Poèmes dérivants

 

Perle noire

rossetti-baimee.jpg

                    Lola de Valence

    Entre tant de beautés que partout on peut voir,
    Je comprends bien, amis, que le désir balance ;
    Mais on voit scintiller en Lola de Valence
    Le charme inattendu d'un bijou rose et noir.

          Baudelaire  Les Fleurs du mal (éd. de 1861)

          Perle noire

J’ai vu “Lola de Valence”,
Perle rare, toute noire ;
Nue, cambrée face au miroir,
Il faut voir comme elle danse !

 

Femme et chatte

balthus-therese.jpg

      Femme et chatte

Elle jouait avec sa chatte,
Et c'était merveille de voir
La main blanche et la blanche patte
S'ébattre dans l'ombre du soir.

Elle cachait - la scélérate ! -
Sous ces mitaines de fil noir
Ses meurtriers ongles d'agate,
Coupants et clairs comme un rasoir.

L'autre aussi faisait la sucrée
Et rentrait sa griffe acérée,
Mais le diable n'y perdait rien...

Et dans le boudoir où, sonore,
Tintait son rire aérien,
Brillaient quatre points de phosphore.


         Verlaine  Poèmes saturniens

                          Le chat

Viens, mon beau chat, sur mon cœur amoureux ;
  Retiens les griffes de ta patte,
Et laisse-moi plonger dans tes beaux yeux,
  Mêlés de métal et d'agate.

Lorsque mes doigts caressent à loisir
  Ta tête et ton dos élastique,
Et que ma main s'enivre du plaisir
  De palper ton corps électrique,

Je vois ma femme en esprit. Son regard,
  Comme le tien, aimable bête,
Profond et froid, coupe et fend comme un dard,

  Et, des pieds jusques à la tête,
Un air subtil, un dangereux parfum
  Nagent autour de son corps brun.

          Baudelaire  Les Fleurs du mal

    Lorsque  Femme et chatte  de Verlaine s’acoquine avec  Le chat  de Baudelaire :


                     Femme et chatte

          Elle jouait avec sa chatte,
          Et c'était merveille de voir
          Cette main, montrant blanche patte,
          S'ébattre dans l'ombre du soir.

          Elle cachait - toute écarlate ! -
          Sous de longs gants de velours noir
          Ses meurtriers ongles d'agate,
          Coupants et clairs comme un rasoir.

          Ses doigts caressaient à loisir
          Un corps s’enivrant du plaisir,
          Mais le diable n'y perdait rien...

          Et dans le boudoir où, sonore,
          Tintait son rire aérien,
          Brillaient deux beaux yeux de phosphore.

 

 

Trouble fontaine

renoir-lgbai.jpg

      À la trouble fontaine   M’en allant promener,
      J’ai trouvé l’eau si belle  Que je m’y suis noyé ...

 

 

 

Poèmes dérivants :  dérivant de ... , détournés et allant à la dérive.  © Daniel Fanguin

Pensée vagabonde