Bribes de voyage : Sénégal 1 Bakel / Podor

 

EXTRAITS de mes JOURNAUX DE VOYAGE

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     Bakel

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      Il fait au moins 40° dans la journée (ce n’est que de 3h du matin à 9h que l’on peut profiter d’une très relative fraîcheur). Même les lézards cherchent à se mettre à l’abri du soleil, ils sont quelques-uns à fréquenter assidûment les murs de la chambre. La boisson locale (infusion de fleurs rouges, de l’hibiscus probablement — comme en Égypte), généralement servie glacée, est particulièrement bienvenue. Des femmes munies de leur glacière en vendent un peu partout en ville. Elles servent le bissap dans des poches en plastique à emporter (comme l’eau), ou dans des petites bouteilles de récupération à consommer sur place. On trouve, comme au Bénin et au Togo, des vendeurs de café et de pain avec de la “mayonnaise”, ils ont des petits stands en bordure de rue — de même pour les nombreux petits restaurants.

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     Peu de routes sont goudronnées, dans ces rues et sur ces chemins de terre, le voyageur peut être fier de son bronzage — dommage qu’après la douche il n’en reste plus rien... ce n’était qu’un voile de terre ocre. Ceci dit, c’est sans doute une bonne protection contre l’ardeur du soleil.

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     Ça y est, je suis tranquille pour le reste du voyage, j’ai eu aujourd’hui ma piqûre de rappel de vaccin contre l’arnaque. Un militaire à la retraite (69 ans), grand buveur de bière, m’a emprunté une petite somme d’argent qu’il devait me rendre ce soir et, bien évidemment, il était absent au rendez-vous.
Note pour les novices : en voyage, de l’argent prêté est toujours (il n’y a pas d’exception) de l’argent donné.

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     Dès son arrivée à Bakel le voyageur est inéluctablement attiré par le fleuve Sénégal. Du haut d’une petite falaise on bénéficie d’une vue plongeante sur le fil de l’eau, les femmes qui font la lessive, la Mauritanie en face (quelques dizaines de km plus loin, en remontant le cours, en face c’est le Mali). Et l’on ne peut qu’aimer cet envoûtant fleuve Sénégal.

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     Partir de bon matin, faire de longues balades le long du fleuve, regarder les pirogues passer, profiter du petit vent frais, quel plaisir ! Comme il serait déraisonnable de revenir en plein soleil, on s’installe à l’ombre sous des arbres en attendant que le soleil tape moins fort. Et l’on profite de l’ambiance : le va et vient des pirogues de transport de marchandises ou de personnes (les “bus” du fleuve); les troupeaux de zébus, de chèvres, les chevaux, qui viennent s’abreuver... (l’étonnement des bergers, des enfants, même de leur bétail et de leurs chiens, qui n’ont pas l’habitude de voir des étrangers en ces lieux).
 

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     Au retour, plus encore que le bissap glacé, c’est l’accueil spontanément chaleureux des vendeuses qui fait le bonheur du randonneur. En fait la plupart des habitants sont particulièrement accueillants. On garde de bons souvenirs des moments passés dans les familles — si ce n’est le fait que les enfants, la curiosité excitée, ne vous lâchent pas un seul instant. Hier j’avais un bébé dans les bras, une petite fille pas du tout intimidée mais quand même intriguée par la couleur de ma peau : elle n’arrêtait pas de me pincer les joues avec ses petits doigts...

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     En milieu de journée pour se protéger de l’ardeur du soleil on peut se réfugier à l’ombre sous des eucalyptus, autrement on achète un beau chapeau à large bord en paille tressée  — l’air rigolo en prime. La chaleur, associée à l’inévitable poussière, a tendance à ralentir le cours des choses, mais ce n’est pas vrai pour tout, ainsi par exemple, les chaussettes : tout juste lavées, elles sont déjà sèches, et tout juste sèches... elles sont déjà sales !

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     Le soir l’endroit le plus agréable est assurément la terrasse — et l’on peut y porter son matelas pour dormir à la belle étoile sur le toit.

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     Ourossogui (Matam)

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     Ourossogui est la ville principale, en bordure de la route nationale, au carrefour qui mène à Matam sur la rive du fleuve. (À Matam  même il n’y a pas d’hébergement pour les voyageurs.) Les jeunes enfants viennent fréquemment toucher la main de l’étranger de passage, on dirait que c’est pour eux un peu comme un rituel porte-bonheur.

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     Matam (à 5 km) est une ville agréable, encore plus agréable que Bakel, la rive du fleuve Sénégal y est plus ombragée et plus animée (et il y a relativement moins de poussière — ce qui est loin de n’être qu’un petit détail). En saison des pluies le niveau du fleuve est bien plus haut et il est beaucoup plus large, le paysage et l’atmosphère (dans tous les sens du terme) sont alors très différents ; d’après tout ce que l’on m’a dit j’aimerais bien voir ça un jour (le “voir” oui, mais la chaleur humide et les moustiques ce doit être particulièrement pénible !...).

   

       Podor

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     Arrivé à l’embranchement pour Podor, le voyageur connaisseur des lieux ne manque pas de rendre visite à la vieille Dame française qui tient la petite épicerie sur le bord de la nationale 2. Elle aime discuter avec les Français de passage. Toute maigrichonne et racornie, elle a les yeux qui pétillent d’une qui “en a vu d’autres”. Elle est là depuis si longtemps qu’elle va finir sa vie au Sénégal.

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     Podor est une petite ville enclavée (pour ne pas dire délaissée), paisible et très agréable. Une promenade aménagée sur la rive du fleuve Sénégal incite à la flânerie, elle est également propice à la lecture et aux bavardages à l’ombre des nombreux arbres.

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