Maroc 7 Azemmour

 

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     Azemmour 

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    En ce début août la température sous abri en milieu d’après-midi oscille entre 40 et 41°. Cependant la proximité de l’océan change tout. En permanence la ville est parcourue par un petit vent qui donne, en dépit de la température élevée, une sensation de bien-être. Aujourd’hui il y a même eu des passages de brume venant de l’océan (comme des nuages se déplaçant au ras du sol). Assis à l’ombre des remparts sur le bord de la rivière, par moments on n’apercevait plus l’autre rive. Azemmour est construite près d’une rivière (au nom poétique de “Mère du Printemps” en arabe) et l’ancien quartier fortifié a conservé en assez bon état une grande partie de ses remparts. Il y a toujours, matin comme après-midi, des espaces de fraîcheur où s’asseoir à l’ombre des remparts et à proximité de la rivière. Le niveau de celle-ci varie considérablement au cours de la journée selon la marée (l’embouchure est proche), vers 16h, l’eau de l’océan remontant (le “mascaret”), on aurait dit que la rivière “coulait à rebours”.

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    La petite station balnéaire (à 2 km de la ville) est fréquentée par des Marocains qui viennent y passer des vacances en famille. Sur la plage la presque totalité des femmes restent habillées comme à la ville: foulard, tunique sur pantalon (ou épais collant en coton). Certaines relèvent un peu leur pantalon au-dessus des chevilles pour tremper leurs pieds, d’autres plus hardies se baignent tout habillées. Il n’y a guère que les enfants qui se mettent en maillot de bain, les hommes sont en bermuda (quand ils ne restent pas eux aussi tout habillés) et les quelques jeunes filles qui sont en maillot de bain mettent par dessus une jupe-culotte ou un bermuda et souvent un tee-shirt. Et je pense à quel point les touristes occidentales qui se baladent en short (ou jupe courte) en ville doivent être perçues par la plupart des gens comme indécentes et provocantes.

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    Le souk hebdomadaire, comme toujours, se tient en périphérie de la ville, il ressemble à tous les autres, à la seule différence que le marché aux animaux se limite ici à la volaille (pas de chèvres ou de moutons...).           

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    Azemmour n’est pas une ville très riche. De nombreux pauvres, souvent infirmes, restent avachis à même le trottoir toute la journée, c’est le cas notamment d’une jeune femme avec son enfant anémié sur les genoux ; certains mendient, d’autres pas, ils restent là à attendre que le temps passe. De même de nombreux marginaux en loques déambulent sans fin dans les rues, certains d’entre eux présentent manifestement des troubles psychiques. Comme les autres villes elle a son lot de psychotiques. L’un d’entre eux, jeune (25 ans environ), chevelu et barbu (un prophète), me demande chaque jour lorsque nous nous croisons : «— Pardon Monsieur, on est bien le... (date du jour)? — Oui — Merci Monsieur».

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    Au sud d’Azemmour, El Jadida est une ville plus importante et plus touristique. Elle est réputée notamment pour son ancienne cité portugaise fortifiée. C’est une ville diverse plutôt agréable (avec remparts, mini-port de pêche, grande plage, médina, marchés, quartiers occidentalisés avec leurs restaurants, cafés et commerces, plus chics...).

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    Sa grande plage est située en bordure du centre ville (comme à Tanger) à la suite de la cité fortifiée et du port. Elle est très fréquentée et, comme l’ambiance générale la ville, assez occidentalisée : un autre visage du Maroc à guère plus d’une dizaine de km d’Azemmour.

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    Dans le quartier le plus populaire d’Azemmour il y a de nombreux petits salons ouverts sur rue où les femmes et les jeunes filles viennent se faire faire des “tatouages” au henné. Un vieux monsieur confortablement assis sur un petit âne n’arrêtait pas de lui asséner des coups de bâton sur la tête. Que c’est triste l’asservissement, il aurait pourtant suffi d’une petite ruade pour l’envoyer promener, le pépé...

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    Passe, tirée par un âne, une carriole dont les deux roues sont ornées de rutilants enjoliveurs de mercédès.
Quelques jeunes enfants portent des sandales “musicales” qui couinent à chaque pas...

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    La route principale reliant Azemmour à l’océan est bordée, à la sortie de la ville, de quelques magnifiques villas. Par la porte d’entrée principale, laissée entrouverte, de l’une d’elles, j’ai pu apercevoir une cour intérieure toute de mosaïques, de verdure et de fleurs, sans nul doute un havre de calme et de fraîcheur. Cependant la villa est ceinte de hauts murs hérissés de tessons de verre de bouteilles — et ça, ça me crispe... C’est une agréable détente que de relire “Sur la route”, assis à l’ombre sous un bosquet d’eucalyptus et de cyprès, au sommet d’une colline ventée, à l’écart de la route.

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    Depuis Azemmour, pour gagner l’océan on peut préférer, à la route goudronnée, le chemin de terre qui longe la rivière. À mi-chemin de la ville et de l’océan, dans une falaise en bord de rivière sont creusées des galeries, c’était jadis le lieu d’habitation et de méditation d’un marabout  — son tombeau situé au-dessus de la falaise est devenu lieu de pèlerinage.

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  Bribes de voyage

  Maroc 1 Rabat / Dakhla