Maroc 6 Rissani / Merzouga

 

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    Rissani 
   
    À Rissani la palmeraie est un peu particulière, les parcelles sont entourées de monticules de terre blanche — il y a là aussi des ksour traditionnels qui tombent en ruines. Mieux vaut ne pas la parcourir de nuit sans lumière — je suis passé tout près d’un puits sans protection : une ouverture béante, carrée, d’environ trois mètres de côté, dont je n’ai pu apercevoir le fond. Ça m’a rappelé une frayeur rétroactive que j’avais eue, pour la même raison, dans le nord du Burkina Faso (j’étais passé de nuit tout près d’un puits très profond sans le voir).

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    Vendredi c’est la fête du sacrifice du mouton (l’Aïd el-Kébir), aujourd’hui c’était jour de souk à Rissani et il était particulièrement animé, notamment le marché aux moutons. Sur une piste caillouteuse, un gars à bicyclette transportait sur le porte-bagages un mouton “assis” et attaché dans une caisse. Rouler ainsi c’est déjà un exploit — en plus il chantait à tue-tête. Il devait être content de ramener à sa famille le mouton du sacrifice.

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    Au cours d’une balade dans la palmeraie un jeune chien esseulé m’a pris en affection et voulait que je l’adopte. Il ne m’a pas quitté d’une semelle pendant toute la promenade. J’avais beau essayer de le faire partir, impossible.

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    Il s’accrochait à moi comme à une bouée de sauvetage. Il a fallu que deux jeunes — qui labouraient une parcelle avec un âne — l’attrapent et le tiennent pendant que je m’en allais. Et je l’ai un bon moment entendu aboyer plaintivement. Il était tout mignon, mais je ne pouvais cependant rien pour lui.

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    Merzouga
 

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 La fenêtre de la chambre donne sur la grande dune, le vent souffle en sifflant — une ambiance de rêve pour bien dormir.

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    Je suis parti pour la journée faire une grande randonnée vers le lac. Il est souvent à sec, mais avec les récentes pluies il offre une belle étendue d’eau, faisant notamment le bonheur d’une colonie de flamants roses. Au retour de curieuses bestioles blanches, jaunes, roses ou vertes (il n’y a pas que des sacs-plastique noirs), couraient au ras du sol rocailleux du désert — c’est que le vent soufflait fort . De même dans les dunes, il y a partout des sacs et bouteilles en plastique et autres détritus... Heureusement qu’en cette période on peut échapper au spectacle des motos, quads et autres 4x4, qui en pleine saison sillonnent les dunes en tous sens.

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    Omar a des talents d’imitateur : les anglophones s’efforçant de parler français, les Français à l’accent parisien, les Suisses... les mimiques des Japonais goûtant le thé marocain... Il a bien saisi les manies et travers des diverses populations de touristes. Mohamed, comme à son habitude, par moment se met à rire tout seul, des rires tonitruants sans raison apparente — quand on ne le connaît pas, le moins que l’on puisse dire c’est que ça surprend ! Le désert c’est formidable... mais sans doute à petite dose.

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     Réveillé en pleine nuit, j’ai regardé au clair de la lune la dune par la fenêtre de la chambre, puis je suis resté longtemps, bien au chaud dans le lit, à écouter le bruit du vent qui soufflait encore plus fort que la veille.

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    Monter au sommet de la Grande dune, c’est toujours aussi sportif. Les dunes sont de plus en plus polluées, il y a vraiment des ordures partout, et pas seulement des sacs et bouteilles en plastique : des canettes de bière, des boîtes de conserve, des sacs entier d’ordures, à moitié percés qui dispersent leur contenu, pire, des tessons de bouteilles de vin — mieux vaut s’abstenir de marcher pieds nus dans le sable...

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    Et pourtant quel enchantement que d’assister depuis le sommet des dunes au coucher de soleil, puis de rester à contempler le paysage sous la lune, ou à regarder le ciel s’étoiler.

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    Er-Rachidia 

    Ce matin, alors que nous prenions notre petit déjeuner en terrasse d’un café, un “marginal” est venu nous saluer en je ne sais combien de langues. Puis il s’est fait servir un café au lait, il en a bu une gorgée et il est parti déposer son verre (et le sac en plastique qu’il trimbalait avec lui) quelques dizaines de mètres plus loin, sur le muret d’une station service, sous un palmier. Après avoir déambulé dans les environs en interpellant les passants, il est revenu s’asseoir à la terrasse du café (sans son verre). Il m’a demandé une cigarette, je lui ai répondu que je ne fumais pas, “Hé ! c’est bon la nicotine, en Afrique la nicotine c’est les vitamines !”. Et il n’avait pas tout à fait tort — à considérer tous les gens, en Afrique plus qu’ailleurs (tout particulièrement dans les Pays du Maghreb), qui n’arrêtent pas de fumer, essayant de compenser ainsi leur mal-être.

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    Dans les “palmeraies” la récolte des olives bat son plein. On entend de partout le battement des lattes sur les branches et le crépitement de la pluie d’olives sur les bâches. Il fait bon flâner sur les bords de l’oued. Les pieds mouillés, les mains dans l’eau froide, les femmes y lavent le linge. C’est pour elles un bien rude travail. En arrivant elles portent sur la tête une énorme bassine pleine de linge et elles repartent avec une charge plus lourde encore (même un temps étalé sur les galets, le linge n’a pu finir de sécher).

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    Tanger  

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    Tanger jouit d’un climat où il fait bon vivre toute l’année. En cette fin décembre il y fait moins frais le soir qu’à Fès, Er-Rachidia, Tinghir, Rissani et même Merzouga (durant ce mois de voyage je n’ai eu qu’un seul jour de pluie et seulement deux jours de temps couvert). Les fleurs sauvages égayent la moindre rocaille (par ailleurs les parterres sont fleuris toute l’année) et les femmes berbères, venues en ville vendre leurs légumes, rapportent de leur campagne des bouquets de narcisses.  Depuis quelques jours les fraises, en grande quantité (à 80 cts d’euro le kg), sont partout sur les étals des marchands de fruits et légumes. Et comme pour parfaire l’ambiance, par la fenêtre restée ouverte, un bel oiseau est entré dans la chambre.

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    Mes flâneries m’ont conduit dans mes lieux préférés : ruelles et placettes de la médina, terrasses de petits cafés, jardins publics autour de la place du Grand Socco, marché aux fleurs et oiseaux... 

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    Ceci n’est pas une fable. Il était une fois un fourgon de police qui s’engage dans une ruelle en sens interdit. Une voiture s’engage à sa suite. Le fourgon s’arrête. Les policiers en descendent et viennent verbaliser l’automobiliste pour non respect du sens interdit.

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    Sous une arcade un clochard dormait à même le sol, recroquevillé “en chien de fusil”, la tête dissimulée dans la capuche de sa djellaba, à côté, debout contre un pilier, un oligophrène agitait mécaniquement son bâton, des enfants en passant le provoquaient, et il faisait mine de leur en donner un coup... À quelque distance de là un passant a fait une syncope, avec tremblements et convulsions, suivie d’une phase de grande agitation, se roulant par terre... en arrière plan étaient garées les rutilantes berlines des commerçants du quartier... et les habitués du café continuaient leur train-train quotidien...

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   Bribes de voyage

  Maroc 1 Rabat / Dakhla

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