Il devrait y avoir la grosse pub ici, mais comme vous êtes d'e-monsite, on a mis ce petit bandeau à la place.

Maroc 3 Tata / Ouarzazate / Fès

 

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    Grosse chaleur

    J’ai repris mes balades dans la palmeraie de Tata et j’y apprécie d’autant plus la relative fraîcheur qu’il fait très chaud. (Les panneaux d’affichage numérique des banques (date, heure, température) indiquent en milieu d’après-midi plus de 40°, mais je pense qu’ils ne sont pas fiables — en tout cas il doit bien faire 36 ou 38°. J’ai peine à imaginer ce que ce doit être aux mois 6 et surtout 7 et 8 !) Je n’ai pas fait de grandes randonnées, je me suis contenté de la tournée de mes coins préférés. Toujours le murmure de l’eau dans les canaux d’irrigation, le chant des oiseaux, le roucoulement des tourterelles, des fleurs et des papillons ... (ah ! j’oubliais, y’a plein de palmiers !). Les gens qui y circulent ou y travaillent sont peu nombreux, et comme on n’y voit jamais d’étrangers (ce sont là des plaisirs que les touristes semblent ignorer) c’est à chaque fois des rencontres agréables et chaleureuses (y compris lorsque nous ne disposons pas d’une langue commune pour communiquer : les gestes, les petites attentions — et même les silences — suffisent à l’expression des sentiments).
                     

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    Quand le temps prend son temps

    Dans cette auberge en terre à Foum-Zguid (on ne peut pas toujours éviter les décors pour touristes) le patio est agréablement aménagé avec plusieurs coins-salon, de grands tapis colorés et la traditionnelle tente berbère en poil de chèvre. L’espace repas est composé de tables et chaises de jardin en plastique blanc, recouvertes de nappes et housses ocre-jaune, avec chandeliers, ce qui donne à l’ensemble un aspect cocasse un tantinet surréaliste — pour un peu on se croirait dans un château. L’ambiance y est décontractée — comme les jeunes qui s’en occupent.
    Le temps (qu’il fait) est lourd. Cette nuit, au seuil de la porte de la chambre, un petit crapaud montait la garde, en s’efforçant de gober le plus d’insectes volants possible et, sur le mur à côté, un lézard faisait de même. Cela n’a pas suffit, sur nos corps dénudés les moustiques ont festoyé jusqu’à l’aurore (ah ! les piqûres sur la plante des pieds !). Dès le petit matin — et toute la journée — ce sont les mouches que le temps affole — elles se prennent pour des moustiques et ne cessent de nous piquer, elles aussi.
                        

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    Alors que nous prenons le thé à la terrasse d’un café, donnant sur la rue principale, tandis que les Grands Aventuriers défilent en convois de rutilants 4x4 climatisés, un gars fait la tournée des cendriers, les inspectant méthodiquement, à la recherche de quelques mégots recyclables.
    Cette atmosphère de temps suspendu n’est pas dépourvue de charme, cependant Foum-Zguid n’est, au mieux, qu’une bourgade d’étape (sur une route assez fréquentée) — même s’il n’est pas exclu d’y faire d’agréables rencontres. (Les voyageurs qui partagent le même état d’esprit — une même conception du voyage — forment une sorte de communauté informelle et, chaque fois que nous nous croisons ou faisons un bout de chemin ensemble, quels que soient le pays et la nationalité, ce sont toujours d’heureuses rencontres : nous partageons nos anecdotes, notre expérience et surtout nos émotions.) Ici la palmeraie est d’une trop faible superficie pour susciter l’engouement du voyageur.

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    Le cheval d’acier

    C’est depuis quelques années la grande invasion de l’Afrique par les motos chinoises. Il faut dire qu’elles sont cossues, belles et confortables (quant à leur longévité !?) et coûtent moins cher que les petites mobylettes de conception traditionnelle (lesquelles n’ont plus guère d’avenir, si ce n’est les anciennes... increvables !). On commence à voir arriver sur le marché une nouvelle génération de motos bardées de “haute technologie” (c’est marqué dessus) — plus grosses et plus puissantes. J’en regardais une un soir, stationnée de l’autre côté de la rue, en me disant que lorque j’aurai fini ma consommation, j’irai l’examiner de plus près. C’est alors qu’elle s’est mise à parler (ce n’était pas du chinois, je n’ai cependant pas réussi à comprendre ce qu’elle disait), son moteur s’est mis en marche et les phares se sont allumés. J’étais sidéré, je n’avais jamais vu ça ! et sur le moment je ne comprenais même pas ce qui se passait. Le motard est arrivé, l’a enfourchée pour aussitôt partir en trombe. Démarrage à distance ! et pour des motos ! on n’arrête pas le progrès ! (Je ne connaissais que le (dé)verrouillage des portières pour les automobiles.)
    Souvent les gens stationnent un moment sans arrêter le moteur de leur véhicule (voiture, car, camion et même mobylette ou moto), sans se soucier le moins du monde de la pollution et du désagrément qu’ils causent, notamment lorsqu’on est en train de se restaurer (boire ou manger) à une terrasse. Une autre fois le motard est venu se garer juste devant moi (un hasard ?) et il a laissé sa moto sans arrêter le moteur. Alors que je pensais qu’il était “gonflé”, la moto s’est de nouveau mise à parler (je n’ai toujours pas compris ce qu’elle disait) et le moteur s’est arrêté (avec verrouillage d’un antivol je suppose).
    À quand la moto reconnaissant la voix de son maître ? Il suffirait de l’appeler ou de la siffler pour qu’elle se mette en marche et vienne chercher son intrépide cavalier — aux nerfs d’acier.

 

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    L’annexe de Marrakech

    À Ouarzazate, à regarder le déguisement de certains commerçants et faux guides, on les croirait tout droit sortis du film Ali Baba et les 40 voleurs. Les touristes aussi font le spectacle. En tant qu’annexe de Marrakech, la ville — en bien plus petit et plus tranquille — présente les diverses facettes du tourisme, excès compris. Elle pourrait constituer le terrain idéal pour une étude sociologique des tribus des touristes au Maroc. L’apparence est très révélatrice, de la plus discrète à la plus excentrique, de la plus décontractée à la plus classe, on a tôt fait de reconnaître sa tribu d’appartenance. Ouarzazate est non seulement la cité marocaine des studios de cinéma, elle-même est un décor de cinéma.
    L’opulence et les artifices liés au tourisme attirent aussi nombre de mendiants dans l’espoir de grappiller quelques miettes.
    Pour le voyageur qui a envie, ne serait-ce que quelques jours, de s’immerger dans ce décor, Ouarzazate est somme toute une ville plaisante — d’autant que le climat en cette saison (mi-avril) y est agréable et reposant (chaud dans la journée et frais le soir).
       

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    Ouarzazate : ambiances

    Chaque soir sur la place principale du centre ville, des jeunes, en deux rangs, face à face, d’une dizaine d’individus, épaule contre épaule, chantent et frappent des mains en avançant, reculant, tournant, en cadence, le tout rythmé par deux tambourins. Sans plus de moyens ils assurent l’ambiance avec succès. Puis, un peu plus tard, c’est un joueur de jembé, accompagné de cymbales, qui prend le relais pour un spectacle d’évasion transafricaine.
  

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    La casbah de Taourirt reste le fleuron de la ville, rehaussé par les variations de luminosité tout au long de la journée. Derrière, en contrebas, flâner dans les ruelles du vieux village, c’est une autre ambiance qui juxtapose boutiques d’artisanat pour touristes et authentiques scènes de vie quotidienne.

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    Dans les oliveraies-palmeraies

    Il est agréable de se promener dans les oliveraies d’Er-Rachidia, tantôt en suivant des allées ombragées, à l’abri des arbres, tantôt à découvert sur des sentiers escarpés dominant le cours de l’oued, tantôt au bord de l’eau en marchant sur les cailloux de son lit. Les gens du coin doivent être de mon avis, ils sont nombreux, hommes, femmes et enfants, à s’asseoir ça et là pour apprécier la sérénité des lieux ...
    Curiosité. À maints endroits, des bandes magnétiques d’anciennes cassettes audio sont tendues au-dessus des parcelles de céréales. Vibrant sous le vent (elles produisent un étonnant ronflement- sifflement) et scintillant sous les rayons du soleil, elles sont censées éloigner avec efficacité les oiseaux pilleurs de jardin. Alors que je m’approchais d’une de ces parcelles pour prendre une photo, j’ai dérangé une cinquantaine de moineaux qui se sont envolés. Ça ne sert donc à rien, du moins contre les moineaux — est-ce que ça inquiète d’autres oiseaux ? il est permis d’en douter. En fait ce ne doit pas être plus efficace que le pittoresque et sympathique épouvantail des champs et jardins de nos campagnes — servant de perchoir aux oiseaux.
                        

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    Dans le ksar habité le plus proche de la ville (pourtant récemment rénové), depuis mon dernier passage de nouveaux pans de mur de maison se sont écroulés. Il semble que les cités en pisé n’aient plus guère d’avenir (et leurs contrefaçons sont bien décevantes).

 

    Moyen Atlas : ambiances

    Avec ses toits de tuiles pentus, entourée de prairies verdoyantes (ici même les petits taxis sont verts), cernée de montagnes boisées de pins et de cèdres, Azrou est une ville en dissonance avec mon imaginaire sur le Maroc.
                        

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    Le mardi est jour du grand marché hebdomadaire. Il se tient sur un vaste espace à la sortie de l’agglomération (à 1,5 km du centre ville). C’est un marché traditionnel typique où convergent de nombreux habitants de la région. Selon le schéma habituel on y trouve pratiquement de tout : vêtements, chaussures, produits sanitaires, quincaillerie, brocantes en tous genres, fruits et légumes, alimentation diverse (gâteaux, fruits secs...), céréales, volailles, et le marché aux bestiaux (chèvres et moutons surtout), avec plusieurs restaurants sous des tentes. Il y a un monde fou ... c’est vraiment un événement commercial d’importance.
                         

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    J’ai commencé mes balades à flanc de montagne, en suivant des sentiers qui parcourent les pinèdes. L’air, à la saveur du pin, est vivifiant (on ne fait pas que le respirer, on le goûte). Des pins déracinés, vestiges d’intempéries récentes, jonchent le sol, certains en travers des sentiers. Tranquillité, repos et lecture assurés ... Je n’ai pu m’empêcher de dénicher un abri sous roche — au sommet d’une colline boisée, d’où je domine une partie de la ville. (Passés cent ans, vais-je terminer ma vie ermite rêveur dans une grotte, perdue au milieu de nulle part ?) Un promeneur avait dû poser un vêtement sur un rocher, pour s’y asseoir plus confortablement, et repartir en l’oubliant. Avec le temps, comme momifié, il s’est presque incrusté dans la roche.

    Un monsieur (venant d’un quartier périphérique) s’en allait à la ville (au centre-ville) lorsqu’il s’est rendu compte que, se tenant à quelque mètres derrière lui, son âne le suivait — tel un chien fidèle avec son maître. Il avait rompu son attache — un ruban (ou une lanière de tissu) rose (je n’invente rien) fixé à sa patte avant droite. Le monsieur a dû longuement batailler, usant d’un langage mystérieux, pour renvoyer l’animal à sa niche ... euh, à son étable — ou à son écurie ? (comment dit-on avec un âne ?).
    Au cours d’une de mes balades en forêt, j’ai rencontré madame la tortue. Je l’ai saluée de près.     Elle n’était pas farouche. Elle m’a rendu mon salut d’un hochement de tête et d’un clignement d’yeux — que j’ai perçu malicieux.
    Un Marocain de rencontre : «J’ai de la famille en France, au Mans, lorsqu’ils viennent, ils friment ...»
                             

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    Une impressionnante (par la densité) colonie d’oiseaux blancs — genre aigrettes — a élu domicile dans les pins du jardin public près de la grande mosquée. Lorsque l’on passe sous ces arbres, on a intérêt à hâter le pas si l’on veut éviter une bénédiction — bien que ce ne soit pas les oiseaux du bon dieu. J’ai demandé aux gens comment ils les appelaient, j’ai eu deux réponses : les “oiseaux des vaches” et les “pique-bœufs”. Quoi qu’il en soit, ce sont des oiseaux chahuteurs et bavards — des résidents d’Azrou qui ne passent pas inaperçus.

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    Fès El Bali

    L’exceptionnel charme et l’irrésistible attrait d’El Bali (la plus ancienne médina du Maroc) tenait à son authenticité. (En dépit du tourisme — une prouesse !— elle était restée authentique.) Noyés dans l’effervescence de ses ruelles, les touristes passaient quasi inaperçus. Maintenant c’est fini ! Au fur et à mesure de sa restauration (sous l’égide de l’UNESCO), l’industrie du tourisme l’a investie (il ne reste plus qu’une petite partie — la moins intéressante — qui pour l’instant échappe à la mutation).
                        

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    Depuis quelques années cela ne concernait que sa partie supérieure (où les restaurants attendent des cars entiers de touristes — il faut voir le décorum !), maintenant c’est la partie basse qui est en chantier (on y aménage les abords de l’oued et l’on a construit, en béton armé, une énorme triple porte que l’on va revêtir à l’ancienne). Ce sera sûrement beau mais c’est tout autre chose.

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    Les touristes y défilent en groupes, conduits par leurs guides, et tous les deux mètres on est sollicité pour des achats. Et si l’on n’a rien à acheter, on nous fait presque comprendre que l’on n’a rien à y faire. Partout, pour les étrangers, les prix y sont “spécial touriste”, y compris dans les cafés-restaurants traditionnels des alentours. Les nouveaux visiteurs continueront d’être séduits par El Bali, pourtant lorsque l’on a été témoin de cette évolution, on ne peut qu’être chagriné — mais c’est peut-être aussi ça que l’on appelle “nostalgie” (?)

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    Reste Fès El Jédid, à l’écart du tourisme, au fil de ces années elle est restée elle-même (pour combien de temps encore ?). Bien sûr elle n’a pas le même charme, mais au moins elle est authentique — et c’est pour cela que je l’aime bien.

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     Fès “ville nouvelle”

    Nous avons passé l’après-midi dans la “ville nouvelle” (pas si nouvelle que ça). Elle est plutôt agréable avec ses nombreuses fontaines et très aérée  (comme toutes les villes nouvelles au Maroc). De curieuses calèches, qui font penser à des cages à oiseaux, ainsi qu’un petit train sur pneus, attendent les touristes et les “promeneurs du dimanche”.

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    La ronde des chaises

    Toute la rue principale d’El Jédid est encombrée de charrettes de marchands ambulants et d’étals à même le sol (chaussures, poteries, vêtements, fleurs artificielles...). Ces marchands de rue viennent emprunter une chaise au café du coin, en font de même tous ceux qui veulent s’asseoir à l’ombre en quelque endroit pour papoter. Ainsi y a-t-il plus de chaises de dispersées un peu partout dans la rue que sur la terrasse du café. Nombre d’emprunteurs ne se donnent même pas la peine de les rapporter. C’est le serveur qui va les récupérer, en attendant les prochains emprunts. Et tout ça se passe le plus naturellement du monde, sans le moindre soupçon de mauvaise humeur, on peut d’ailleurs s’asseoir à une table de café sans consommer... ainsi va la vie au Maroc. Comme en plus tous les serveurs de café ont la manie de les déplacer et replacer sans cesse, c’est tout au long de la journée la ronde des chaises.
                        

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   Bribes de voyage

  Maroc 1 Rabat / Dakhla